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Déserts médicaux : "La situation empire", dénonce l'UFC-Que Choisir, qui saisit la justice pour "inaction" de l'État

L'association UFC-Que Choisir a annoncé mardi avoir déposé un recours devant le Conseil d'État pour dénoncer "l'inaction" du gouvernement face aux inégalités croissantes d'accès aux soins et l'enjoindre à agir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration cabinet médicale. (KETTY BEYONDAS / MAXPPP)

"On passe à la vitesse supérieure et on attaque l'Etat pour inaction" parce que de "larges pans du territoire voient leur situation se dégrader en termes d'accessibilité", à la médecine, se désole Maria Roubtsova, chargée de mission santé à l'UFC-Que Choisir qui saisit le Conseil d'État. "On veut laisser aux médecins le choix de s'installer là où ils veulent mais parmi les zones sous dotées où il y aura des départs en retraite dans les années à venir", contrairement aux dentistes, aux sages-femmes, aux kinés ou les infirmières, "les médecins sont la seule profession soignante à disposer d'une telle liberté d'installation", pointe l'UFC Que-Choisir.

franceinfo : Pourquoi avez-vous décidé de saisir le Conseil d'Etat "pour inaction" de l'Etat sur la question des déserts médicaux ?

Maria Roubtsova : Depuis 2012 on alerte les autorités, on publie des cartographies des déserts médicaux. On s'est déjà fait recevoir par des ministres, par des cabinets ministériels qui nous ont écoutés très poliment mais pour l'instant.

"On n'a pas réussi à obtenir des résultats par cette stratégie d'influence traditionnelle et donc face à la situation qui continue de s'aggraver, on passe à la vitesse supérieure et cette fois et on attaque l'Etat pour inaction."

Maria Roubtsova, chargée de mission santé à l'UFC-Que Choisir

à franceinfo

La situation ne s'améliore pas, elle s'aggrave ?

Aujourd'hui 83% de la population résident dans un désert médical pour au moins une spécialité comme les pédiatres, les ophtalmologues, les pédiatres et les gynécologues. Près d'un quart de la population a des difficultés pour accéder à un médecin généraliste. On publie des cartes avec l'évolution de la situation entre 2021 et 2023 où on voit que de larges pans du territoire voient leur situation se dégrader en termes d'accessibilité.

Plus de la moitié des médecins généralistes refusent de nouveaux patients ?

Tout à fait. Nos bénévoles ont joué le rôle de patient mystère et ont appelé des généralistes et plus de la moitié des médecins, 51,5% des généralistes interrogés, n'ont pas accepté de nouveaux patients alors que c'était déjà 44% en 2019. Effectivement, la situation empire. Cette année on a aussi contacté des ophtalmologues qui refusent dans 28% des cas de nouveaux patients et le délai moyen d'attente c'est 65 jours.

Que faut-il faire alors ?

Nous ce qu'on défend c'est la manière de gérer cette pénurie pour les dix années à venir et notamment avec la régulation de l'installation. Ce qu'on espère c'est limiter les dégâts puisqu'aujourd'hui c'est dans les départements où ils sont le moins nombreux que les généralistes sont les plus âgés. Dans les années à venir, ils vont prendre leur retraite et si on ne fait rien, les inégalités vont s'accentuer puisque les nouveaux arrivants sont de moins en moins bien répartis sur le territoire.

"On veut laisser aux médecins le choix de s'installer là où ils veulent mais parmi les zones sous dotées où il y aura des départs en retraite dans les années à venir. Aujourd'hui, les médecins sont la seule profession soignante à disposer d'une telle liberté d'installation."

Maria Roubtsova, chargée de mission santé à l'UFC-Que Choisir

à franceinfo

Depuis cet été, les pharmaciens, les kinés, les infirmières, les sages-femmes, les dentistes ont le choix de s'installer parmi les zones sous dotées et non plus dans les zones sur dotées, il n'y a plus que les médecins qui ont ce privilège et ça devient de plus en plus difficile à défendre.

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