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L'Institut Gustave Roussy teste une technique qui pourrait révolutionner la chirurgie du cancer du sein

Une technique chirurgicale "robot-assistée" permet aujourd'hui l'ablation d'un sein et son remplacement immédiat par un implant. Cette opération double, qui ne laisse en outre pratiquement pas de cicatrice, a fait l'objet d'une phase de tests cliniques qui touche à sa fin.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'opération menée par le docteur Sarfati, à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val-de-Marne). (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

C'est une technique médicale unique au monde. Pratiquée à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), centre de référence contre le cancer, la mastectomie et reconstruction mammaire par robot est un procédé révolutionnaire. Il s'agit de retirer des seins et de les remplacer immédiatement par un implant, soit parce qu'il y a une tumeur, soit parce que la patiente risque de développer un cancer. Cette chirurgie laisse une cicatrice de seulement 4 ou 5 centimètres qui ne se voit pas, puisqu'elle n'est plus à proximité du sein, mais sous l'aisselle.

Deux interventions menées en simultané

La phase de test clinique prend fin, avant peut-être que cette technique ne soit officiellement autorisée dans les prochains mois et se développe davantage. Franceinfo a rencontré une patiente qui a déjà pu en bénéficier : Élise, 36 ans, a des gènes qui la prédisposent particulièrement à un cancer. "Dans ma famille, il y a une histoire lourde du cancer du sein et des ovaires et un risque fort que ça me soit tombé dessus un jour. Quand, je ne sais pas, mais j'avais quand même 70 à 80% de risques d'avoir un cancer du sein", explique-elle. Élise a donc pris une décision lourde, celle de se faire retirer les deux seins préventivement. L'opération est double, puisqu'elle consiste au retrait des glandes mammaires et, en même temps, à la pose de prothèses.

Là, je note plein de petits détails : comment le docteur Sarfati positionne la patiente, ses bras, comment il place le robot.

Rosa Hwang, professeure américaine

à franceinfo

Élise est emmenée au bloc opératoire, où elle est endormie. Le docteur Benjamin Sarfati manipule à distance un robot chirurgien. Les bras du robot opèrent, retirent d'abord la glande mammaire, puis le chirurgien met à la place un implant en silicone. Une opération que le chirurgien commente en anglais, car dans le bloc il y a deux de ses consœurs étrangères, dont Rosa Hwang, professeure de chirurgie à Houston, aux États-Unis. "Aux États-Unis, je m'entraîne déjà à cette technique opératoire, mais sur des cadavres, car nous attendons encore le feu vert de nos autorités pour commencer à opérer des patients vivants. Ici je prends plein d'astuces utiles. C'est comme si le docteur Sarfati me donnait ses petits secrets", commente-t-elle.

Des risques de nécrose et d'infection réduits

Comme la professeure Rosa Hwang, ils sont plusieurs chirurgiens à venir du monde entier pour apprendre cette technique. Car le docteur Sarfati a développé une méthode unique au monde. Une opération où il n'ouvre pas la patiente sur le sein ou au-dessous du sein comme cela se fait d'habitude, mais sur le côté, sous les aisselles. "Il y a deux avantages majeurs que l'on va essayer de prouver et on attend les résultats de l'étude pour ça. Premièrement, on espère qu'avec cette technique, les risques de nécrose seront beaucoup moins importants. Ce qu'on aimerait prouver aussi c'est que, du fait que la cicatrice est très loin de la reconstruction, donc très loin de la prothèse, on ait moins de risques d'infection", explique le chirurgien.

C'est sans compter l'effet esthétique, avec une cicatrice de quatre ou cinq centimètres seulement, sous l'aisselle, invisible sous le soutien-gorge. La docteure Jajini Varghese, chirurgienne plasticienne à Londres, est bluffée. "Cette cicatrice, c'est génial. Elle est loin du sein, toute petite, placée à un endroit idéal. C'est fantastique !", s'enthousiasme-t-elle.

Pouvoir "se réapproprier son corps tout de suite"

L'opération a duré un peu plus de trois heures et tout s'est bien passé. Le lendemain, Élise est tout sourire. "Ce matin, ça allait et c'était un soulagement. Ça, c'est fait et c'est plus la question", dit-elle, soulagée aussi par l'absence de grosse cicatrice. "C'est quand même plus sympa de ne pas avoir cette marque visible et puis pas juste sur le sein, c'est à distance. C'est un corps qu'on peut se réapproprier tout de suite", conclut-elle. En trois ans, le docteur Sarfati a déjà opéré plus de 130 femmes avec cette technique à l'Institut Gustave Roussy. Après évaluation et autorisation, il pourrait prochainement former d'autres chirurgiens français à cette opération.

Une technique chirurgicale révolutionnaire à l'Institut Gustave Roussy

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