Dépistage du cancer du sein : "La plupart du temps, ça se passe très très bien", rassure une radiologue
"La plupart du temps, ça se passe très très bien", a rassuré ce mardi sur franceinfo, Laure Foessel, radiologue dans le Bas-Rhin et marraine de la Haguenauvienne, une course solidaire de lutte contre le cancer du sein à Haguenau. Elle-même atteinte par la maladie, elle invite les femmes à se faire dépister même en absence de symptômes pour le cancer "puisse être pris en charge à temps et être guéri".
Le docteur Laure Foessel tient à rassurer les femmes qui craignent la douleur de l’examen : "Je trouve ça très tolérable. Il ne faut pas avoir peur", témoigne-t-elle. Elle admet que les déserts médicaux restent un frein à un dépistage de qualité en France. Les jeunes radiologues s’installent de préférence en ville loin des campagnes. "Les patientes ne veulent pas faire la route", regrette-t-elle.
franceinfo : Plus d'un tiers des femmes interrogées par la Ligue contre le cancer avancent l'absence de symptômes comme raison de ne pas se faire dépister. Or, il faut le faire, même en l'absence de symptômes ?
Laure Foessel : Oui, c'est vraiment le principe. C'est-à-dire que la mammographie de dépistage est là pour trouver quelque chose encore assez précoce, encore assez petit, qui parfois ne se palpe pas, ne se voit pas au niveau de la peau pour que ça puisse être pris en charge à temps, être guéri et qu'on puisse avoir des soins thérapeutiques les moins agressives.
À quel âge peut-on passer sa première mammographie ?
Globalement, le dépistage commence à 50 ans. Après, en fonction des facteurs de risques familliaux que vous présentez, le gynécologue ou le médecin traitant vont pouvoir demander à partir de 40 ans des mammographies. Avant 40 ans, c'est vraiment en cas de manifestation ou vraiment en cas de risque génétique. Avant 40 ans, ça sera uniquement les échographies la plupart temps. La mammographie commence vraiment à 40 ans.
Certaines femmes craignent d'avoir mal pendant l'examen. Pouvez-vous les rassurer ?
Il y a la peur du geste et de la douleur. Je dois dire que c'est vraiment individuel. J'en ai fait une. Je trouve ça très tolérable et globalement, la plupart du temps, ça se passe très très bien. Il y a quelques femmes qui ont des poitrines très sensibles. On sent que c'est douloureux. Mais le manipulateur radio qui leur fait la mammographie est là. Il les accompagne. Si ça ne va pas, il s'arrête à temps. Il ne faut pas avoir peur de la douleur. Après, il y a la peur des rayons. Il y a des femmes qui ont peur d'envoyer des rayons sur leur poitrine. Il faut les rassurer. C'est vraiment des doses minimes qui n'entraînent pas de risques pour la poitrine. Et puis, il y a surtout la peur du résultat. Effectivement, il y a un peu la technique de l'autruche en disant, "si je ne cherche pas, je ne vais rien trouver". C’est un problème.
Est-ce qu'il y a suffisamment de centres de dépistage et de radiologues ?
Il y a vraiment des déserts médicaux. Moi-même, à 40 ans, je fais encore partie de la tranche d'âge où il n'y a pas eu cette augmentation du numerus clausus. On est toujours en pénurie de radiologues. Nous, par exemple, on est en ce moment à trois mois de délais de rendez-vous. Bien sûr, quand les femmes appellent pour prendre un rendez-vous, soit c'est un rendez-vous de routine, donc on peut attendre trois mois, mais si la patiente a remarqué quelque chose, il faut absolument qu'elle le précise à la secrétaire parce qu'il y a des rendez-vous d'urgence. Mais c’est vrai, il y a des radiologues dans des petits cabinets qui vont prendre leur retraite et qui ne vont pas être remplacés. Les jeunes radiologues maintenant ne s'installent pas tout seuls dans de petits cabinets de radiologie de périphérie. Ils vont avoir tendance plutôt à rejoindre de gros groupes. C'est vrai qu'il y a une distance kilométrique et les patientes ne veulent pas faire la route.
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