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Cancers chez les pompiers : "Il faut protéger ceux qui nous protègent", l'appel du vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers

Les pompiers sont exposés à de nombreux produits chimiques lors de leurs interventions.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des pompiers en intervention sur l'incendie d'un bâtiment à Wittelsheim (Haut-Rhin). (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Le colonel Norbert Berginiat, vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), appelle mercredi 18 octobre sur franceinfo la France à reconnaître plusieurs cancers comme maladie professionnelle, pour "protéger ceux qui nous protègent". Pour la première fois en France, des chercheurs ont trouvé un produit chimique neurotoxique et cancérigène dans le corps des pompiers. Il s'agit des retardateurs de flammes, une substance présente partout dans les maisons et utilisée pour ralentir la propagation des incendies. Le colonel Norbert Berginiat explique également que désormais, certaines méthodes de désinfection permettent de réduire les risques d'exposition et qu'il faut les généraliser.

franceinfo : Quels types de cancer apparaissent chez les pompiers ?

Colonel Norbert Berginiat : C'est quelque chose qui est assez récent au niveau de l'épidémiologie, on s'y penche dessus depuis 2003. Certaines nouvelles technologies sont indispensables, comme les retardants dans les mousses, mais tout cela ça engendre des nouveaux risques qu'il faut prendre en compte, et il faut changer nos méthodes opérationnelles.

"Maintenant, il n'y a pas d'études très spécifiques en France, mais on sait que deux cancers doivent être reconnus comme maladie professionnelle : le cancer du poumon et celui de la vessie."

colonel Norbert Berginiat, vice-président de la FNSPF

à franceinfo

Il y a une agence de l'OMS, le centre international de recherche sur le cancer, qui a fait officiellement le lien entre cancer et exposition des pompiers. Est-ce que cela donne de l'espoir dans ce combat pour la reconnaissance des maladies professionnelles ?

Oui, ben sûr. La reconnaissance en maladie professionnelle et le traitement sont des choses positives, mais ce qu'il faut surtout éviter, c'est de s'empoisonner et donc protéger ceux qui nous protègent. C'est pour cela que désormais, les techniques mises en oeuvre sont différentes. Avant, on ne mettait l'appareil respiratoire que pour les phases "d'attaque", quand il y a des flammes.

Maintenant, c'est obligatoire dès la phase de début parce qu'on s'est rendu compte avec les études épidémiologiques, que les matériaux encore brûlants larguaient des produit chimiques potentiellement dangereux. C'est aussi pour cela qu'on a mis en place, après les interventions, des "reconditionnements de l'homme". C'est-à-dire que les pompiers n'apportent pas dans leurs casernes ou chez eux des matières toxiques. Cela passe par un déshabillage sur les lieux, un lavage des mains, du visage, et des vêtements.

Est-ce que pour l'instant c'est de l'ordre de la recommandation ou alors il y a une obligation avec des vérifications ?

Comme dans tout système de prévention, quand on a quelque chose qui est possible à mettre en place, on doit le mettre en place. Maintenant, les services départementaux sont des établissements indépendants et en fonction de leur possibilité, ils mettent cela en place progressivement. Mais on a quand même maintenant beaucoup de départements qui ont mis ce système en place ou qui va être mis en place.

Par ailleurs, on suit les agents de façon plus attentive, d'abord par une visite médicale, le service de santé est aussi présent lors des feux importants, et puis un suivi après les interventions avec des questionnaires et des examens spécifiques.On a bon espoir que ces mesures-là évitent les cancers, sachant qu'ils se révèlent des années après, c'est pour cela qu'on ne les voit que maintenant et qu'il faut faire un suivi.

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