: Témoignage "Je ne me suis jamais projetée dans une vie de famille" : un an après l'ouverture de la PMA aux femmes seules, le parcours d'une "maman solo"
Un an après l'adoption de la loi de bioéthique, qui a ouvert la procréation médiaclement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules, Mélina, 36 ans, revient sur son parcours et son choix de faire un bébé solo.
La loi de bioéthique du 2 août 2021 a ouvert la PMA, la procréation médicalement assistée, aux couples de femmes et aux femmes seules. Un an après, les demandes sont beaucoup plus nombreuses que prévu et les temps d'attente s'allongent. Au premier trimestre 2022, 53% des premières demandes de PMA provenaient de femmes célibataires et 47% de couples de femmes.
Mélina a 36 ans, elle est célibataire, habite à Paris et a suivi un parcours de PMA pour se lancer dans un projet de bébé en solo. Dès le 29 septembre dernier, date de la publication du décret d'application de la loi, Mélina s'est inscrite sur les listes d'attente du Cecos, le Centre de conservation des ovocytes et du sperme, de l'hôpital Tenon, à Paris.
Avant la loi, un essai en Belgique
Sûre d'elle, la jeune femme avait déjà fait un premier essai de PMA en Belgique, un an auparavant."J'ai fait ma demande ici l'année dernière, j'avais 35 ans, après avoir été dans un parcours pour un don d'ovocytes. Le déclencheur, ça a été mes résultats de fertilité. Ils n'étaient pas excellents et les gynécologues m'ont dit : 'Si vous voulez le faire, c'est maintenant'." Cinq mois plus tard, en février, Mélina obtient son premier rendez-vous au Cecos de l'hôpital Tenon. S'en suivront une série d'examens, des rendez-vous avec un gynécologue, un psychologue ainsi qu'un passage chez un notaire.
"J'avais un désir d'enfant mais pas avec la personne avec qui j'étais."
Mélina, 36 ansà franceinfo
Devenir une maman solo, pour Mélina, c'est un choix mûrement réfléchi, indépendant de ses relations amoureuses. "Je ne me suis jamais projetée dans une vie de famille dans mes relations. À cette époque là, j'étais en couple, j'avais un désir d'enfant mais pas avec la personne avec qui j'étais. J'ai pu en parler et elle n'a pas mal pris que je me lance." Sa stabilité financière a aussi joué dans ce choix : "Ça me rassure. Si je n'avais pas été bien dans mon travail, j'aurais reporté les démarches."
"Et alors, le papa ?"
Mélina s'est sentie bien entourée par tous ses proches. "Mon père a été très encourageant. Je ne me suis jamais sentie freinée même par les professionnels, au contraire." Et lorsqu'on lui demande si elle a dû faire face à des remarques sur sa grossesse, "les gens que je rencontre pour la première fois, c'est systématiquement 'Et alors, le papa ?', ce que je trouve assez dingue. Je vais toute seule à certains rendez-vous, pourquoi me poser une question sur quelqu'un qui n'est pas là ?"
Si elle ne ressent pas de pression particulière, Mélina pense surtout aux couples de femmes et aux difficultés qu'elles rencontrent."J'ai eu vraiment beaucoup de chance. Je ne pense pas qu'une femme seule qui fait un enfant ce soit un tabou. Ce sont les personnes de même sexe qui en pâtissent encore beaucoup".
Aujourd'hui, Mélina est enceinte de trois mois, elle est sortie du parcours de PMA et s'est inscrite à la maternité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.