Allergies aux pollens : pourquoi le Finistère est-il le seul département épargné ?

Alors que le risque maximal pour les allergies à plusieurs pollens d'arbres est atteint dans les trois quarts de l'Hexagone, le Finistère reste en vert. On vous explique cette exception bretonne en quatre points.
Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Conquet (Finistère). (LIONEL LE SAUX / MAXPPP)

Qui dit températures printanières dit allergies aux pollens. L'équation se vérifie ce mercredi 21 février lorsque l'on regarde la carte du réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) : les trois quarts de la France sont en alerte rouge (le risque maximal). La vigilance concerne principalement les pollens des arbres (noisetier, aulne et cyprès notamment). Mais un département reste en vert : le Finistère. Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et professeur d'épidémiologie environnementale, nous explique pourquoi ce territoire est épargné.

Parce que les températures ont été plus constantes

La majeure partie de l'Hexagone vit depuis quelques semaines, "une sorte de saison printanière avancée", décrit Isabella Annesi-Maesano. Or, "les plantes ont besoin de températures basses pour reposer et hiberner avant de commencer leur pollinisation". Il faut que le thermomètre stagne autour de 5°C "pendant un moment", précise l'épidémiologiste, et ne joue pas "au yoyo", comme ça a été le cas cet hiver dans de nombreux départements avec des épisodes neigeux. Une météo tempérée dont jouit généralement la Bretagne et en particulier le Finistère. Même si, dans ce département, comme ailleurs, le réchauffement climatique pousse les normales de saison à la hausse.

Parce qu'il y a davantage de pluie et de forts vents

Si le risque d'allergies est moins fort dans le Finistère, c'est aussi grâce à la pluie et au vent. Les précipitations permettent en effet de plaquer les pollens au sol et donc d'en réduire la quantité dans l'air que l'on respire. Le vent, lorsqu'il souffle suffisamment fort, fait "partir les pollens ailleurs", détaille Isabella Annesi-Maesano. "Et ça les abîme aussi", ce qui réduit leur pouvoir allergisant.

Parce qu'il y a moins de plantes allergisantes (pour l'instant)

"Le premier pollen allergisant est celui des graminées, qui sont caractéristiques du Sud et du Centre de la France surtout", pointe la directrice de recherche à l'Inserm. La Bretagne y est un peu moins exposée, là encore en raison de ses plus faibles températures. Isabella Annesi-Maesano cite également l'ambroisie, "un pollen assez méchant". Véritable fléau dans la région lyonnaise, cette plante envahissante est presque absente en Bretagne. Même chose pour les cyprès, très allergisants, "qui ne peuvent pas vivre au nord de la Loire".

Ces plantes ne se plaisent pas en Bretagne "pour l'instant", nuance Isabella Annesi-Maesano. "Il y a des projections qui montrent que si on n'intervient pas, il y aura des plantes qui vont certainement disparaître parce qu'il fera trop chaud et d'autres qui vont occuper des territoires où elles n'étaient pas avant".

Parce que l'urbanisation y est moins forte qu'ailleurs

Isabella Annesi-Maesano avance aussi une possible autre explication : la Bretagne est une région moins urbanisée que d'autres. En 2018, selon l'INSEE, un peu plus de la moitié des habitants de la région résidaient dans un espace rural (54%). Ils sont donc moins exposés à certains types de pollens qui prolifèrent en ville, explique l'épidémiologiste. "Quand, dans des grandes villes comme Paris, on met plein de frênes parce que c'est un arbre résistant à la pollution, on a l'allergie au frêne qui augmente. Il ne faut pas être surpris".

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