Lutte contre l'obésité : "Le combat qu'il faut mener aujourd'hui, c'est de généraliser le Nutri-Score" à l’ensemble de l’UE
Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne et président du Conseil national de l’alimentation, invite ce mercredi sur franceinfo à généraliser à l’ensemble de l’Union européenne le Nutri-Score, cet étiquetage sur la qualité nutritionnelle des aliments, afin de lutter contre l’obésité.
"Le combat qu'il faut mener aujourd'hui, c'est de généraliser le Nutri-Score au plan européen", propose mercredi 28 août sur franceinfo Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne et président du Conseil national de l’alimentation, ancien ministre délégué à l’agroalimentaire sous François Hollande. Selon un rapport du ministère de la Santé publié mercredi, près d'un quart des adolescents français sont obèses ou en surcharge pondérale.
franceinfo : Le ministère de la Santé rapporte que 18,4% des adolescents sont en surcharge pondérale et parmi eux 5,2% sont obèses. Ces chiffres vous interpellent-ils ?
Guillaume Garot : Bien sûr. Ce qu'on constate, c'est une confirmation, c'est que l'alimentation, c'est le miroir des inégalités. Parce qu'on a plus de surpoids chez les enfants d'ouvriers que chez les enfants de cadres. La question qui peut se poser, c'est qu'est-ce qu'on fait ? Comment on agit aujourd'hui pour qu'on réduise ces inégalités, qu'il y ait moins d'enfants demain en surpoids qu'aujourd'hui ? Nous, au Conseil national de l'alimentation, il nous semble qu'il faut d'abord travailler sur la qualité de l'assiette. Aussi, je me réjouis quand il y a des mesures qui sont prises pour qu'on améliore la qualité de cette assiette dans la restauration scolaire, avec des mesures qui ont été prises pour qu'on puisse avoir davantage de produits locaux et de meilleure qualité.
Comment fait-on pour que ça ne coûte pas trop cher ?
Vous avez raison de pointer du doigt la question de l'accès à la cantine, la question des tarifs. Cela, c'est la responsabilité des collectivités territoriales, des conseils départementaux pour ce qui concerne les collèges. Mais on sait que ça commence dès l'école, donc j'invite toutes les collectivités locales à se poser la question de savoir comment on fait en sorte que tous les enfants d'une génération puissent aller à la cantine, quels que soient les revenus de leurs parents. Il faut qu'on améliore la qualité générale de l'assiette mais on pourrait aller plus loin. Il faut aussi qu'on fasse des efforts - beaucoup ont été faits je peux en témoigner - sur la qualité des produits alimentaires. Parce qu'on sait très bien aujourd'hui que pour certaines catégories de produits il y a encore trop de gras, trop de sucre, trop de sel. Donc il faut agir dessus, avec les professionnels, avec les industriels. Certains s'y sont engagés avec beaucoup de détermination mais il faut faire en sorte que ce soit général, que ce soit l'objet d'une politique publique.
Certains ont dénoncé une pression justement des lobbies quand il a été question par exemple de rendre obligatoire le Nutri-Score, l'étiquetage sur la qualité nutritionnelle des aliments, sur les supports publicitaires des denrées alimentaires. Cette pression-là est toujours présente ?
Elle n'a pas disparu, mais aujourd'hui je n'entends plus de professionnels remettre en cause le Nutri-Score. Le combat qu'il faut mener aujourd'hui, c'est de généraliser le Nutri-Score au plan européen. Parce qu'on sait très bien qu'il y a des distorsions de concurrence qui peuvent exister entre les produits français et les produits qui viennent d'autres pays. Je propose qu'on puisse généraliser ce Nutri-Score qui est un outil sur lequel on ne reviendra pas, qui est un outil utile, nécessaire et qui a montré son efficacité, au plan de l'ensemble de l'Union européenne. Pour cela, il faut qu'il y ait une volonté politique européenne. Il faut qu'on ait demain une politique agricole et alimentaire commune. Sur la question de l'éducation à l'alimentation, c'est très important de donner aux enfants les bons repères nutritionnels, les bons repères aussi pour sa qualité de vie. Si on veut bien se porter, il faut aussi de l'activité physique. Force est de constater que certains élèves n'en font pas assez, et dans leur vie en dehors de l'école. Donc ce qu'il faut c'est qu'on transmette ces repères sur une bonne hygiène de vie. Les repères nutritionnels pour une bonne alimentation c'est essentiel si on veut faire baisser dans notre pays ces inégalités face à l'alimentation et à la qualité de vie en général.
Il y a eu la taxe sur les sodas, mais si on veut faire baisser l'obésité ne faudrait-il pas plus largement taxer la malbouffe, limiter la publicité sur ces produits ?
Je crois surtout qu'il faut être capable de se fixer des objectifs communs avec l'ensemble des industriels de notre pays sur des objectifs nutritionnels de qualité de l'alimentation. Il faut passer un contrat clair, public, transparent avec eux. Et si on n'y arrive pas, la loi devra alors s'imposer. Mais je crois vraiment qu'il faut être dans une démarche concertée, déterminée et extrêmement ferme là-dessus. Parce que c'est un enjeu de santé publique, mais c'est un enjeu aussi pour notre pays, car je suis convaincu que la France a un rôle à jouer dans le monde entier sur la qualité de l'alimentation. Il y a un défi alimentaire qui est considérable. Comment on fait en sorte de nourrir 9 milliards d'habitants sur la planète à l'horizon 2050 ? Comment on fait en sorte que cette alimentation soit de bonne qualité pour tous ? Il faut montrer un cap. Nous souhaitons vraiment, au Conseil national de l'alimentation, qu'il y ait dans cette politique agricole à réformer un grand volet alimentation. Pour que la qualité de l'alimentation soit au cœur des préoccupations de l'Union européenne.
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