Reprise de la production à Craon : "Lactalis a mis la pression sur l'État et semble avoir gagné"
Quentin Guillemain, président de l'Association des familles des victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), demande "l'arrêt des tests, de la reprise de la production" sur le site de Craon en Mayenne.
L'annonce de la reprise de la production du groupe Lactalis dans son usine de Craon (Mayenne) est prise "comme une trahison" par Quentin Guillemain. Invité sur franceinfo, jeudi 31 mai, le président de l'Association des familles des victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS) demande "l'arrêt des tests, de la reprise de la production".
Le groupe Lactalis, au cœur de l'affaire de lait infantile contaminé aux salmonelles fin 2017, a relancé dimanche sa production dans son usine de Craon en Mayenne, en arrêt total depuis janvier, a appris franceinfo jeudi, confirmant une information du journal Les Echos. L'activité a repris après les autorisations du ministère de l'Agriculture et du préfet de la Mayenne.
franceinfo : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à publier un communiqué contre la reprise de la production ?
Quentin Guillemain : On s'y oppose et on prend cette annonce comme une trahison. Les ministres eux-mêmes nous avaient assuré dans leurs bureaux qu'il n'y aurait pas de reprise de la production tant que nous ne saurions pas d'où venait cette salmonelle. Nous ne le savons toujours pas et il y a d'ailleurs des auditions en ce moment même à l'Assemblée nationale, une commission d'enquête et une procédure de justice en cours. Comment voulez-vous qu'aujourd'hui nous acceptions la reprise d'une production sans connaître la provenance de la salmonelle, tout en sachant qu'elle était présente depuis 15 ans dans les produits et a posé exactement le même problème en 2005 ? Effectivement, on est en colère.
Est-ce que cela empêche de faire des tests et de nouvelles analyses ?
Le ministère a dit il y a quelques heures dans un communiqué : "Les produits sont consignés, avant une mise en commercialisation, après des tests". Ces produits soi-disant en test ne sont donc pas destinés à être détruits, mais à être commercialisés. Ils sont bien en train de produire des produits, dans cette usine, qui seront commercialisés demain pour des adultes, disent-ils pour essayer de ménager les susceptibilités des uns et des autres. On nous fait croire en permanence, par des éléments de langage très bien rédigés, qu'il s'agit de tests, d'une remise en production progressive, de produits d'abord consignés et destinés à des adultes. En réalité, la production est mise en œuvre et les produits seront vendus dans les magasins demain.
Comment expliquer cette reprise partielle de l'activité de l'usine alors que vous aviez reçu des garanties sur un arrêt total ?
On considère que Lactalis a mis la pression sur l'État et semble avoir gagné car l'usine reprend son activité après plusieurs mois de discussions entre Lactalis, qui prévoyait la prochaine réouverture de l'usine, et l'État, qui la refusait. Nous demandons l'arrêt des tests et de la reprise de la production qui n'aurait jamais dû être autorisée. Je ne comprends pas, nous n'avons aucun élément à l'heure actuelle sur le plan d'action de l'entreprise, ou qui nous permette de dire que tout a été fait dans les règles pour qu'une production puisse reprendre sans qu'il puisse y avoir de doute sur une potentielle contamination.
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