Dioxyde de titane dans les dentifrices : "On en trouve dans les dentifrices pour enfants et ceux qui ont le label bio"
Magali Ringoot, chargée de campagne nanomatériaux au sein de l'association Agir pour l'environnement, demande l'interdiction du dioxyde de titane qui pourrait être cancérigène.
"On trouve du dioxyde de titane dans la plupart des marques : les marques célèbres et populaires mais aussi dans des dentifrices plus hauts de gamme, des dentifrices pour enfants et aussi des dentifrices qui ont le label 'cosmétique bio'", a déclaré jeudi 28 mars sur franceinfo Magali Ringoot, chargée de campagne nanomatériaux au sein de l'association Agir pour l'environnement.
Cette dernière a mené une grande étude sur les dentifrices et la présence de dioxyde de titane sous formes de nanoparticules. Résultat : deux tiers des dentifrices vendus en France en contiennent. Cette substance controversée sera prochainement interdite dans l'alimentation en France. La liste complète des dentifrices qui contiennent ou non du dioxyde de titane est à retrouver que le site d'Agir pour l'environnement.
franceinfo : Qu'est-ce que le dioxyde de titane ?
Magali Ringoot : C'est un colorant qui permet de blanchir ou d'altérer un peu la couleur de la pâte de dentifrice. C'est un colorant que l'on retrouve également dans l'alimentation, dans les cosmétiques et aussi dans les excipents des médicaments. Dans notre enquête, on s'est intéressés au dentifrice et on a constaté que la grande majorité de ceux vendus en France contiennent ce colorant dangereux. C'est inquiétant. On le trouve dans la plupart des marques : les marques célèbres et populaires mais aussi dans des dentifrices plus hauts de gamme, des dentifrices pour enfants et aussi des dentifrices qui ont le label 'cosmétique bio'.
Quels sont les risques d'avoir ce dioxyde de titane, sous forme de nanoparticules, dans les dentifrices qu'on utilise tous les jours ?
C'est une substance très controversée. On sait que quand c'est inhalé, ça peut provoquer le cancer, c'est l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui l'a reconnu il y a déjà pas mal d'années. Ingéré, on a moins d'études, mais il y a une étude qui est sortie en 2017 et qui montre que des rats qui en ont consommé développent au bout de trois mois des lésions précancéreuses du colon et des troubles du système immunitaire. Nous on estime donc qu'il y a suffisamment d'éléments scientifiques inquiétants pour dire qu'il n'y a pas besoin d'exposer les consommateurs - notamment les enfants - à cette substance dangereuse, alors qu'il s'agit uniquement d'un colorant pour la pâte de dentifrice, c'est donc avant tout du marketing.
Quand on achète du dentifrice en grande surface ou en pharmacie, est-ce qu'on peut le savoir ? Est-ce que c'est indiqué ?
C'est indiqué. Ce n'est pas facile de le repérer. Il faut chercher un code, le 77-891, parfois c'est aussi indiqué 'dioxyde de titane'. Par contre, la mention 'nano', nous ne l'avons jamais trouvée sur les étiquettes. Notre enquête porte sur 400 dentifrices, aucun ne porte la mention 'nano'. Pourtant, nous avons fait analyser un dentifrice pour enfants, et là nous avons trouvé des nanoparticules et depuis 2013 ça doit être mentionné sur l'étiquette.
Avec l'association Agir pour l'environnement, vous voulez aller plus loin et vous vous penchez maintenant sur les médicaments également ?
Oui. Ce même colorant on le trouve aussi dans les excipients des médicaments. Il n'a pas de fonction thérapeutique, c'est pour l'enrobage souvent des médicaments car ce colorant permet de colorer ou d'opacifier une couleur. On aurait environ plus de 4 000 médicaments concernés par la présence de dioxyde de titane. Et c'est inquiétant parce qu'on expose les personnes à cette substance dangereuse en continu, pour un service qui est finalement très superflu.
Vous allez être reçue ce jeudi après-midi au cabinet du ministre de l'Economie et des Finances, qu'allez-vous demander ?
On demande que l'interdiction du dioxyde de titane dans l'alimentation soit logiquement étendue à tous les produits contenant du dioxyde de titane et qu'on peut ingérer de manière volontaire (les médicaments) mais aussi accidentelle (dentifrice). Les risques sont les mêmes et il n'y a aucune raison de prendre de tels risques.
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