Cet article date de plus de deux ans.

Alimentation : l'ONG Foodwatch alerte sur la présence d'huiles minérales suspectées d'être cancérogènes dans certains produits

Dérivées des hydrocarbures, ces huiles minérales viennent des encres de l’emballage, de la colle, mais aussi de l’entretien des machines de production.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Centre commercial (illustration). (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Foodwatch alerte, dans une étude publiée jeudi 9 décembre et que franceinfo a pu consulter, sur la contamination des aliments par des huiles minérales potentiellement cancérogènes et génotoxiques.

L’ONG a testé 152 produits dans plusieurs pays européens, en Allemagne, en Autriche et en France. Cette étude révèle qu'un produit alimentaire sur huit testés contient des huiles minérales toxiques qui préoccupent les agences sanitaires.

Bio ou pas bio, des marques de bouillons, de pâtes à tartiner incriminées

En France, le bouillon Knorr de légumes sans sel est le produit qui contient le plus d’hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales devant trois autres bouillons de la même marque mais aussi un bouillon cube Jardin bio, un bouillon bœuf déshydraté chez Auchan Pouce, ou encore le beurre Fruit d'or Oméga 3. En Allemagne, ces hydrocarbures ont été retrouvés notamment dans le Nutella, en Autriche, dans du chocolat de la marque Lindt Lindor et en Belgique, dans la pâte à tartiner aux noisettes bio Delhaize. Les cubes de bouillon Knorr d’Unilever ont été identifiés comme contaminés par ces huiles minérales sur plusieurs lots différents dans les cinq pays, à des niveaux de contamination très inquiétants.

Cette huile minérale est un dérivé des hydrocarbures. Elle vient des encres de l’emballage, de la colle, mais aussi de l’entretien des machines de production, précise Foodwatch. Elle se mélange aux produits alimentaires. "Les huiles minérales peuvent pénétrer dans les denrées alimentaires à tous les stades de la chaîne de transformation, de la récolte à l’emballage", s'inquiète Foodwatch. D’après l’Autorité européenne de sécurité des aliments certains hydrocarbures aromatiques des huiles minérales sont cancérigènes et génotoxiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent endommager l’ADN. Pour autant la règlementation n'est pas assez stricte. Elle ne fixe un seuil que pour le lait pour bébé.

Une première alerte lancée en 2015

Depuis 2015, Foodwatch dénonce la persistance de cette contamination dans les produits alimentaires. L'ONG réclame aujourd’hui une tolérance zéro pour les huiles les plus dangereuses. Les premiers tests de 2015 avaient révélé la présence de ces huiles toxiques dans des aliments de consommation courante mais aussi dans des jouets, des aliments pour animaux et des produits cosmétiques.

Les hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH en anglais pour mineral oil aromatic hydrocarbons) sont particulièrement préoccupants. Leur influence sur le fonctionnement du système hormonal, perturbateurs endocriniens, a également été mise en évidence. 

Il n’existe pas de dose journalière "sûre" dans le cas de substances potentiellement cancérogènes. Par conséquent, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a établi que toute exposition aux hydrocarbures aromatiques par l’alimentation présente un danger. Après la campagne de sensibilisation lancée par Foodwatch fin 2015, la Commission européenne a mis en place depuis janvier 2017 un programme de surveillance dans les États membres de l’Union européenne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.