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Alimentation : avec 15 poulets par personne en 2022, les Français sont les premiers consommateurs en Europe

En pleine période d'inflation, les Français se tournent vers la viande la moins chère : le poulet. Mais le prix de la volaille a lui aussi augmenté, et de plus en plus de poulet est importé de l'étranger.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Poulet rôti (illustration). (GÉRARD HOUIN / MAXPPP)

Les Français sont champions de la consommation de poulet en Europe. Ils passent devant l'Allemagne et l'Espagne. Avec l'inflation, la consommation de poulet a augmenté de 5% entre 2021 et 2022 en France. Mais derrière ces chiffres, se trouve une modification profonde de la consommation de la volaille. 

À première vue, les Français sont toujours grands amateurs de poulet, avec l'an dernier une consommation équivalente à 15 poulets par personne, un peu plus de 28 kilos au total. Il faut dire que cette viande reste la moins chère, devant le porc, très loin du bœuf. Même si les prix ont nettement augmenté depuis un an : plus 18% en moyenne, selon l'Insee.

Cela n'a pas échappé à Edith, croisée sur le marché Raspail à Paris. "La volaille, c'est quelque chose que je mangeais plus souvent avant", raconte la Parisienne.

"Je trouve que ça a drôlement augmenté. On mange autrement, on mange des légumes, on mange des lentilles. Il y a des choses comme ça pour remplacer. C'est quand même plus abordable que le poulet. On peut s'adapter." 

Edith, une Parisienne sur le marché

à franceinfo

Les clients modifient leurs achats

La cuisse de poulet est la star du moment. Ce n'était pas le morceau le plus recherché, mais il est vendu de 5 à 7 euros le kilo, contre 10 à 12 euros pour le filet, aujourd'hui détrôné. La chute des ventes est encore plus marquée pour le poulet haut de gamme label rouge ou bio, deux ou trois fois plus cher qu'une viande de volaille conventionnelle, désormais boudée par les clients.

"C'était une vraie volonté politique, des demandes citoyennes et on voit que le consommateur réagit différemment au moment d'être en face du rayon", constate Gilles Huttepain, vice président de l'Anvol, les professionnels de la volaille. "Il achète des produits ayant moins de cahier des charges. Le bio baisse d'environ 25% en volaille et le label rouge de 9% l'année dernière. Et on est à peu près sur les mêmes tendances en ce début d'année", déplore-t-il. 

Un poulet sur deux est importé

Neuf Français sur dix disent pourtant donner la préférence à du poulet tricolore, bien repérable dans les rayons des supermarchés. Mais c'est très différent quand le poulet est cuisiné. L'origine n'est pas systématiquement indiquée. Ce n'est pas une obligation, d'après Yann Nédélec, directeur de la filière volaille : "On a des restaurateurs de la restauration collective et des gens qui font des produits élaborés, dont l'objectif est de vendre moins cher. Résultat, ils se tournent vers des produits d'importation. Ça vient du Brésil, de Thaïlande et maintenant beaucoup d'Ukraine".

Selon Yann Nédélec, les augmentations d'importations "sont de l'ordre de 10% en 2022" par rapport à 2021. "Alors qu'on était il y a une dizaine d'années à 25% de poulet importé, on a 50% aujourd'hui en 2022 et dans les années 90, on était à peine 10 %", alerte-t-il. Les professionnels redoutent une concurrence mondiale de plus en plus déséquilibrée si l'élevage en cage était interdit en Europe. Le débat est ouvert à Bruxelles.

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