Cet article date de plus de cinq ans.

Rappel des implants mammaires texturés : "Je suis ravie mais en colère", réagit une victime de PIP

Victime des prothèses PIP, Joëlle Manighetti, professionnelle de santé, se réjouit du rappel des implants texturés Allergan mais dit sa "colère" contre l'"immobilisme" et le "manque de réactivité" des autorités sanitaires.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le siège d'Allergan à Pringy, dans l'Est de la France, le 6 novembre 2017. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé à la société Allergan de procéder au rappel de ses implants mammaires texturés actuellement en stock, ceux-ci ayant perdu le marquage CE qui permet de les vendre en France et en Europe. Ces prothèses dites "texturées" c'est-à-dire rugueuses, sont soupçonnées de provoquer un cancer très rare : 56 femmes ont développé un lymphome en France.

>> "Implant Files" : face à la recrudescence de cancers liés aux prothèses mammaires, l’inertie des autorités sanitaires

"Je suis ravie que ce soit maintenant au grand jour mais en colère que ça dure encore depuis si longtemps", a réagi mercredi 19 décembre sur franceinfo, Joëlle Manighetti, victime des prothèses mammaires défectueuses PIP et qui est devenue l’une des porte-voix des milliers de Françaises porteuses d’implants mammaires.

franceinfo : Comment avez-vous réagi en apprenant le retrait des prothèses de la société Allergan ?

Joëlle Manighetti : On ne peut pas laisser sur le marché des dispositifs médicaux qui n'ont pas la certification CE, l'ANSM ne fait que signaler que le dispositif n'a plus son agrément et qu'il doit être retiré du marché. Ce qui est dommage c'est que ce ne soit pas l'ANSM qui ait pris cette décision de police sanitaire qu'elle aurait du prendre elle-même. Cela fait neuf ans que je pratique les autorités sanitaires et que je m'insurge contre leur immobilisme et contre leur manque de réactivité.

Comment avez-vous réagi en 2009 quand le scandale PIP a éclaté ?

Mon impression à l'époque a été catastrophique, parce que je suis professionnelle de santé et j'étais persuadée que tous les dispositifs médicaux que l'on mettait sur le marché étaient aussi sécurisés que les médicaments. J'ai découvert à cette occasion qu'il n'en était rien, que cette certification ne nous garantit absolument rien, et que malheureusement neuf ans après, rien n'a changé. Moi, cela fait neuf ans que je me dis qu'il n'y a pas que les implants mammaires, parce qu'à cette époque-là, tout le monde s'est retranché derrière un cas de fraude [PIP]. Mais si cette fraude a existé pendant 10 ans, c'est parce que les certifications ne nous garantissaient rien, et ne contrôlaient rien efficacement.

Quel conseil donnez-vous aux femmes qui portent des implants ?

Le conseil qu'on donne à toutes c'est de se surveiller. Souvent les chirurgiens leur disaient : "On vous a posé vos prothèses, maintenant rentrez chez vous, tout va bien". Toutes celles qui faisaient de la chirurgie reconstructrice étaient suivies, mais ce n'était pas le cas pour celles qui faisaient de la chirurgie esthétique, elles n'étaient pas toutes suivies. Normalement, il devrait y a voir une surveillance annuelle, et au moindre signe anormal, une douleur, un épanchement, un gonflement, quelque chose qui n'est pas normal, il faut aller consulter et demander une IRM, pas une mammographie parce que ça fragilise les implants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.