Abandon des étudiants infirmiers : l'Ordre national des infirmiers dénonce "une inadéquation entre ce qui est enseigné et les pratiques professionnelles"
Les étudiants infirmiers souffrent d'"une inadéquation entre ce qui est enseigné à l'IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) et les pratiques professionnelles retrouvées sur le terrain", dénonce Patrick Chamboredon, président de l'Ordre national des infirmiers, sur franceinfo jeudi 11 mai . De plus en plus d'élèves infirmiers quittent leur formation en cours de route, selon une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publiée jeudi 11 mai. Ils étaient 10% à abandonner dès la première année, soit trois fois plus qu'il y a 10 ans.
franceinfo : La Fédération hospitalière annonce 15 000 postes d'infirmiers vacants. Comment peut-on inverser rapidement cette tendance ?
Patrick Chamboredon, président de l'Ordre national des infirmiers : Les étudiants, au même titre que les autres professionnels de santé, souffrent du contexte de tension hospitalière. Jean Castex a augmenté le nombre d'étudiants qui entraient en formation avec Régions de France il y a à peu près un an. Le temps qu'on rentre des professionnels et qu'on les forme, il y en a pour à peu près deux ans. Il y a les stages, avec des professionnels qui sont usés, des lits qui sont fermés et l'encadrement peut-être un peu plus compliqué parce qu'avoir un stagiaire, ça demande du travail, de l'investissement et de l'accompagnement. Et le dernier point c'est la question de la formation, de l'adéquation entre ce qui est actuellement la réalité professionnelle et ce qui est enseigné dans les IFSI (Institut de formation en soins infirmiers).
Il y a un décalage entre l'IFSI et les pratiques ?
Exactement. On a un décret d'actes qui est le même depuis plus de 20 ans. On est vraiment dans une inadéquation entre ce qui est enseigné à l'IFSI et les pratiques professionnelles retrouvées sur le terrain. Il faut qu'on réajuste la profession. C'est ce à quoi s'est engagé François Braun [ministre de la Santé] il y a deux jours. Les besoins de santé des patients ont considérablement évolué. La population vieillit, il y a plus de maladies chroniques, il y a plus de besoins différenciés, donc ce sont des nouvelles maquettes de formations pour les infirmiers.
On a le sentiment, parce qu'il y a un manque d'infirmiers dans les hôpitaux, que ces élèves sont amenés à mener des missions d'infirmiers professionnels. C'est une réalité ?
Les élèves ne font pas d'actes isolés qui mettraient en danger le patient. Je ne peux pas le laisser dire. C'est juste que peut-être, dans leur cursus de formation qui est progressif, ils ont des terrains de stage qui sont moindres. On les fait passer un peu partout et, quelques fois, ils n'ont pas eu l'enseignement théorique avant la réalité pratique.
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