Sangatte : un migrant afghan sauvé sur son radeau
L'histoire de cet homme est devenue un symbole. Assef, 33 ans, migrant afghan, a tenté de traverser la Manche sur un radeau de fortune. Quitter la France pour l'Angleterre sur trois planches et un flotteur. Il a été recueilli lundi au milieu des eaux. C'est le destin d'un homme parmi des milliers d'autres, qui a fui la misère, la guerre, et c'est une nouvelle preuve de l'impuissance collective.
Un bidonville sordide non loin du terminal d'où partent les ferries.
Je n'ai pas d'argent. Qu'il n'ait pas péri noyé, c'est un miracle.
S'il n'est pas mort noyé tient presque du miracle, car il a grandi dans les montagnes d'Afganistan, et il n'est ni un charpentier de marine, ni un navigateur chevronné. la Manche n'a rien d'un fleuve tranquille a cet endroit. A 3 km du rivage, le capitaine d'un ferry aperçoit le frêle esquif. Des migrants prêts à tout pour ralier l'Angleterre, Bernard Barron en a vu beaucoup, mais aucun encore sur un radeau.
On imagine qu'il s'est mis à l'eau ici et il a dérivé sur l'Ouest. Il n'avait pas de signalisation. Il risquait de se faire culbuter par un cargo et il était déjà trempé jusqu'à la ceinture. L'eau fait actuellement 12 degrés. c'est une survie de 30 minutes.
Retour à Calais pour Assef: un bidonville sordide, non loin du terminal d'où partent les ferrys. On se regroupe par communautés. Ici, c'est le camp des Afghans.
Regardez comment on vit. C'est bien plus dangereux d'être entassés à 8 que d'essayer de traverser la mer. S'il y a le feu, on y passe tous. Moi, dès que je peux, je recommence.
Il y aurait 600 migrants dans les environs. Des Afghans, des Pakistanais, des Irakiens, des Syriens, la liste est longue. La plupart sont aux mains de passeurs, qui les font monter à bord de camions qui partent à Douvres. Mais certains préfèrent tenter leur chance autrement. Auprès des marins pêcheurs.
Souvent, ils nous proposent de l'argent pour les embarquer.
Vous refusez.
Oui. C'est pas notre truc. Le seul problème parfois, c'est.
S'ils essaient d'aller au Royaume-Uni, ils sont persuadés d'avoir des papiers, un toit, un travail. La terre promise à quelques encablures.
En 1940, on a fui ailleurs parce qu'il y avait des bombes. Eux, ils font la même chose. Ils ont tout quitté et sont là à attendre un eldorado.
Au pied du cap Blanc-Nez les jours de grand vent, il n'y a que les véliplanchistes pour oser s'aventurer dans les vagues. Assef attend son heure. Un jour prochain, une fois encore, il se jettera a l'eau agrippé a un nouveau radeau.
Demain, dans "13H15 le samedi", vous pourrez suivre notre reportage à Calais sur ces migrants qui rêvent d'ailleurs. Il a fui l'Afghanistan depuis 14 ans.
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