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Des procès au cœur de la campagne

Donald Trump est devenu le premier ancien président américain reconnu coupable d'accusations criminelles. Ce statut de "convicted felon" change-t-il la dynamique de la campagne  ? C'est le sujet du 5e épisode de Washington d’ici, le podcast original avec les correspondants des médias francophones publics.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'ancien président des Etats-Unis Donald Trump (à gauche) et Hunter Biden (à droite), le fils du président en exercice Joe Biden. (Kelsey Suleau)

"C'est une honte", a déclaré Donald Trump le jour du verdict. L'ex-président américain a été officiellement reconnu coupable de 34 chefs d'accusations, jeudi 30 mai, à l'issue d'un procès de 23 jours au cours duquel il était question de documents falsifiés, de tractations secrètes, d'argent, mais aussi de sexe.   

Pour Donald Trump, le procès a été truqué, présidé par un juge en conflit d'intérêts et totalement corrompu. Rien de surprenant de sa part, mais sa condamnation a pris un peu tout le monde par surprise. "Premièrement, c'est le seul procès [Donald Trump est inculpé dans trois autres procès au pénal, dont deux pour tentative d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020.] qui a eu lieu, note Guillaume Naudin de RFI, donc déjà, évidemment, c'est plus facile. Et effectivement, ça fait des mois qu'on dit que c'est le procès le moins solide contre lui (...) Il n'y a pas vraiment eu de débat. On a eu pendant plusieurs jours des hésitations : 'Est-ce qu'il y aura peut-être un juré qui défendra Donald Trump, qui lit le New York Post tous les jours et qui défendra Donald Trump coûte que coûte ?' Finalement, les jurés, au bout de quelques heures, sont tombés d'accord pour que Donald Trump soit reconnu coupable des 34 chefs d'inculpation." 

Le pays divisé en deux camps

Les correspondants des médias francophones publics (MFP) étaient présents à New York pour assister à ce verdict. Devant le palais de justice, deux camps se faisaient face : les pro-Trump et les anti-Trump. "C'était à l'image du pays qui est 50-50 finalement, explique Jordan Davis, alors que la moitié des Américains refusent la légitimité de ce verdict et pensent que c'est un complot monté en épingle par des Démocrates. Même quand on voit les sondages aujourd'hui, les gens qui jugent ce verdict, 50% des Américains disent qu'ils sont pour, 50% des Américains disent qu'ils sont contre." 

"On voit que c'est vraiment sur ça que Donald Trump va surfer ces prochains mois jusqu'en novembre, cette idée qu'il a été victime d'une justice partisane qui a été truquée contre lui."

Jordan Davis, correspondant de la RTS aux Etats-Unis

Donald Trump coupable, qu'est-ce que cela change dans cette course à la présidence ? "La première chose, c'est que dans les 24 heures après le verdict de culpabilité, Donald Trump engrange plus de 50 millions de dollars de dons selon lui, explique Sébastien Paour de franceinfo. Après, dans les sondages, qu'est-ce que ça va changer ? On a deux candidats, l'un des deux qui est désormais condamné au pénal, Donald Trump, et puis, on a de l'autre côté un Président dont le fils [Hunter Biden, reconnu coupable de détention illégale d'arme à feu], pour la première fois, est lui aussi condamné au pénal."

Pour Jordan Davis, "c'est quand même incroyable parce que dans ce pays, être 'convicted felon', Dieu sait que c'est un frein à beaucoup de choses dans la vie quotidienne aux Etats-Unis. Donald Trump ne pourrait même pas devenir esthéticien dans son État qu'est la Floride. Et là, il peut devenir président sans problème. C'est presque une faille."

Un autre procès, embarrassant pour Biden 

C'était aussi un procès devant jury qui s'est soldé par un verdict de culpabilité. Hunter Biden a été reconnu coupable, mardi 11 juin, de trois chefs d'accusation liés à l'achat d'une arme à feu en 2018, lorsque, selon les procureurs, le fils du président des Etats-Unis avait menti sur un formulaire obligatoire d'achat d'arme à feu en déclarant qu'il ne consommait pas de drogue ou qu'il n'était pas toxicomane. Un verdict vu différemment selon les Démocrates ou les Républicains. "Pour Joe Biden, c'était d'autant plus embarrassant à ce verdict que c'est tombé le jour où il a dû faire un discours sur la limitation de la prolifération des armes à feu dans le pays, explique Sonia Dridi de la RTBF. Mais Joe Biden, on l'a vu, a réagi avec encore plein de déclarations remplies d'amour pour son fils (...) Donc, Donald Trump va clairement se servir de cette affaire, notamment pour attaquer Biden lors du débat qui aura lieu fin juin."

Pour Jordan Davis, il y a eu une justice à deux vitesses aux Etats-Unis, en défaveur de Hunter Biden, "mais ça, Donald Trump ne l'acceptera jamais, parce que lui, il se dit la victime, justement, d'une persécution politique et judiciaire."

Un premier débat dans la course à la présidence 

Dans quelques jours aura lieu un premier débat entre les deux candidats à la présidence à Atlanta (Géorgie), le 27 juin, alors qu'ils ne sont pas encore officiellement nommés par leur parti respectif. Un premier rendez-vous très attendu pour Jordan David : "Je pense que tout le monde l'attend parce que finalement, on est dans une élection très particulière cette année où les deux candidats sont connus. Et en même temps, les deux candidats sont vieillissants (...) Tout le monde va regarder ça pour voir si ce président octogénaire va réussir à tenir le coup."

"Washington d'ici" est un podcast des médias francophones publics. Une fois par mois, les correspondant·e·s de franceinfo, la RTBF, Radio-Canada, la RTS et RFI décryptent, à leur manière, les toutes dernières infos de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024. Avec Sébastien Paour (franceinfo), Jordan Davis (RTS), Frederic Arnould (Radio-Canada), Sonia Dridi (RTBF) et Guillaume Naudin (RFI). Réalisation : Jeremy Boisseau (RTBF) et Régis De Rath (RTBF).

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