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Vous en parlerez aujourd'hui. Soldes : consommer, c'est aussi polluer

Tous les jours de la semaine, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les soldes et leur impact sur l'environnement.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une boutique de vétements pratique les soldes d'hiver 2019, à Talange (Moselle), le 2 janvier 2019. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Peut-on promouvoir les soldes et défendre l'environnement ? Un dilemme pour le gouvernement qui compte sur cette période pour relancer l'économie sans se soucier de l'impact écologique du "fast fashion", des vêtements achetés aussitôt oubliés.

"Soldes sous tension", "Soldes de l’extrême", "Soldes de l’enfer", il y a comme une petite pression autour des soldes d’hiver qui commencent mercredi 9 janvier dans tout le pays. On sent que la bataille de la petite veste mimi a commencé. Pourtant si participer aux soldes, c’est contribuer à l’économie française, c’est aussi contribuer à la pollution française. En effet, on appelle ça le "fast fashion", acheter des vêtements sans arrêt , recommencer quelques semaines voire quelques mois après. Ce n’est pas très bon pour la planète et se prendre une avalanche de vêtements en ouvrant son placard pour mettre toujours la même chemise, c’est un peu déprimant. D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la mode émet chaque année 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis et ce n’est pas parce qu’il y a un panda sur le pull que vous achetez que vous protégerez d’avantage l’environnement.

La mode, polluant de l'eau

La mode est le troisième secteur le plus polluant du monde, derrière l’énergie et l’alimentation, avec un impact chiffré à 10% des émissions totales de CO2. Il y a les transports, il y a les matières, il y a également l’eau, une surconsommation ainsi qu’une pollution des cours d’eau. Ceux de la Chine, en particulier, sont pollués par les produits chimiques utilisés par l’industrie textile : "C’est génial ce pays, ils ont un fleuve qui à le même violet que ton t-shirt, on sent qu’ils s’inspirent de ce que la nature leur donne."

L’époque est étrange. Les Français se mobilisent comme jamais pour signer "l'affaire du siècle", la pétition en faveur d'une action en justice contre l'Etat, pour non-respect de ses engagements dans la lutte contre le dérèglement climatique. Plus de 1,9 million de signataires, mais ils le font habillés en Zara, Gap ou H&M, des vêtements polluants.

Le 29 novembre dernier, c’est Black Friday, Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique, invite via les réseaux sociaux à ne pas surconsommer.

Un mois et deux semaines plus tard, le membre du gouvernement est discret. Il fait cette fois-ci consommer pour sauver le commerce. Alors achetez des bodys, des chemises, des chaussures, des gilets… jaunes. Il y a d’autres couleurs aussi, mais consommez. D’ailleurs, les soldes sur les enquêtes d’opinion profitent à l’exécutif qui monte dans les sondages.

À la dernière COP24, les grands groupes de mode se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030. Il y a des alternatives mais ce ne sont pas encore les plus répandues. Défense de la planète ou pas, une question demeure, mais que vais-je porter ce matin avec ces mocassins à glands ? L’histoire d’une vie.

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