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Vous en parlerez aujourd'hui. RIP contre la privatisation d'ADP : c'est parti, et c'est pas gagné

Tous les jours, franceinfo repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le référendum d'initiative partagée (RIP) lancé contre la privatisation d'ADP.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Assemblée générale des Aéroports de Paris, à Paris, le 20 mai 2019. (ERIC PIERMONT / AFP)

Après avoir réuni plus de 200 parlementaires, l'idée d'organiser un référendum sur la privatisation d'ADP fait son chemin. Nouvelle étape, recueillir quatre millions de signatures citoyennes. Un exercice inédit en France, à l'organisation lourde.

Le décret est paru mercredi 12 juin au Journal officiel. Un site du ministère de l’Intérieur, des points de vote dans chaque commune ou un simple formulaire papier et être inscrit sur les listes électorales : voilà le dispositif pour participer à la collecte de signatures permettant d’organiser le premier référendum d'initiative partagée (RIP). C’est un petit évènement car c’est la première fois en France que ce mécanisme est engagé.

Depuis sa mise en place en 2008, le RIP est considéré par beaucoup comme un hochet, un grelot difficile à faire tinter. En effet, pour que l’organisation d’un référendum aboutisse, il faut que la volonté émerge du Parlement, que le projet recueille l’approbation de 185 députés et sénateurs. Une fois cela fait, il faut partir à la conquête de signatures citoyennes, il en faut 4,7 millions, 10% des électeurs inscrits d’ici mars 2020. Voilà. Mais en fait ce n’est pas tout. Le référendum ne sera pas automatique. Le scrutin n’aura lieu que si l’Assemblée nationale ou le Sénat n’examinent pas le texte dans un délai de six mois. Vous rajoutez Moundir et vous avez la prochaine télé réalité de W9.

Avec des règles aussi contraignantes, on comprend pourquoi personne ne s’était lancé dans l’aventure. Seul le PS avait tenté le coup pour rétablir l’ISF mais n’avait pas réuni assez de parlementaires pour lancer le processus.

L'opposition et la majorité pourraient y trouver un avantage. Déjà l’opposition. La privatisation d’ADP, c’est le seul sujet qui unit la gauche aujourd’hui donc pour une fois ils arrivent à s’entendre contre la vente des bijoux de famille et le mauvais souvenir de la privatisation des autoroutes. C’est aussi ce qui a motivé Les Républicains et l’UDI à les rejoindre. Donc autant vous dire que le sujet va être rabâché pendant neuf mois.

Le gouvernement peut aussi être intéressé. Edouard Philippe n'est pas vraiment emballé par le RIP et dans sa conférence de presse post grand débat, Emmanuel Macron a souhaité changer les règles du RIP, si la collecte de signature échoue, le fameux : "Je vous l’avais bien dit, vous vous êtes un peu emballé !" pourrait être de sortie. De plus, si référendum il y a, il pourrait se tenir en 2021. C’est loin. Qui se souviendra alors de ce qu’il faisait deux ans auparavant en juin 2019. Plus qu’un exercice démocratique, le RIP permet de faire travailler sa mémoire, c’est déjà ça.  

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