Sur les routes de l'Europe. A Amsterdam, l'idée d'égalité salariale hommes-femmes part en fumée
Chaque jour jusqu'au 26 mai, franceinfo prend la route pour faire découvrir nos voisins européens et dialoguer avec la jeunesse qui fera l'Europe de demain. 10 villes pour 10 étapes et un "roadtrip" européen. Aujourd'hui, cap sur les Pays-Bas et Amsterdam.
Amsterdam est une ville de fantasme. Sur la route, je repense à ces images laissées par l’adolescence et la promesse de cette ville. En arrivant, le soleil est de la partie. Il sautille sur les façades rouges et rappelle à cette cité qu’elle vaut son surnom de Venise du Nord. Un nouvel hôtel, une nouvelle chambre et les rues nous appellent. Dans la première ville des Pays-Bas, l’après-midi ressemble au soir. Des touristes divaguent, d’autres s’offusquent devant tant de permissions, les autres se renseignent sur les prix des appartements.
Ici, les femmes gagnent 16% de moins que les hommes
La vie peut paraître douce à Amsterdam mais nous découvrons sa face sombre. Ici les femmes n’ont pas la même vie que les hommes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, aux Pays-Bas, les femmes touchent 16% de moins que les hommes , en France on est plutôt sur 15%. Et au niveau des rémunérations, un homme à un salaire 64% plus important qu’une femme. Pour synthétiser, on pourrait dire : Tiens, il n’y aurait pas un petit souci ? Mais la réponse la plus courante est : c’est culturel.
À la base, si les femmes gagnent moins, c’est parce qu’elles travaillent moins. Ici, le marché du travail est très flexible et les femmes, en moyenne, ne sont salariées que deux, trois, maximum quatre jours par semaine. En 2019, la tradition des Pays-Bas est toujours de considérer que le rôle de la femme est de s’occuper des enfants. Dans un café surplombant le port, j’ai rencontré Paulien Osse, professeur à l’université d’Amsterdam et spécialiste des questions d’égalité. Depuis des années, elle constate ce retard des Pays-Bas. Elle ne blâme pas que les autorités mais aussi les jeunes générations : "La chose étrange c'est que ça ne leur plaît pas mais elles ne souhaitent pas travailler à plein temps non plus. Ce qui est intéressant à noter c'est que même lorsque les femmes n'ont pas d'enfant, elles ne travaillent tout de même quatre jours par semaine. Le reste du temps, elles s'occupent... mais ne travaillent pas."
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte promet des salaires plus importants pour les femmes : le traitement doit être le même dans les entreprises. Les hommes ont un jour de congé supplémentaire pour le foyer; Mais pas de mécanisme pour punir les entreprises qui ne respecteraient une égalité de salaire puisque de fait, elle n’existe pas. Dans les années 70, les Pays-Bas était à la pointe du combat féministe. Beaucoup d’idées mise en place aujourd’hui viennent de ces années-là, où la réflexion s’accompagnait souvent d’un bucher de soutiens-gorge. Le féminisme est toujours présent, notamment dans les facs hollandaises, mais le marché du travail très flexible semble avoir eu raisons des bonnes intentions militantes et de l’image de tout un pays, Paulien Osse : "Ce n'est pas qu'elles reçoivent une mauvaise éducation mais elles se concentrent davantage sur leurs vies au foyer qu'à l'entreprise. À cause de cela, leurs supérieurs leur disent : 'Écoute. Tu sembles plus intéressée par l'éducation de tes enfants que par ton travail, donc on ne va pas te garder'. Sur le papier la Hollande est un pays cool mais quand vous voyez la réalité du quotidien, en fait, ça ne l'est pas du tout."
Le moteur chauffe, prochaine étape Luxembourg. Là-bas on parlera également égalité... d’optimisation fiscale. Tout est une question culture.
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