Un monde d'avance. Les Polonais des villes contre les Polonais des champs
Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, la Pologne politiquement coupée en deux à l'issue des élections municipales et régionales.
Au premier coup d’œil, on peut parler d’une grosse claque pour le parti au pouvoir, les ultra-conservateurs de Droit et Justice. Ils ont été sèchement battus dans toutes les grandes villes du pays. Les dix plus grandes métropoles de Pologne passent toutes dans le giron de l’opposition libérale et centriste. Avec des scores parfois impressionnants. A Gdansk, dans le Nord, célèbre pour ses chantiers navals et les grandes manifestations du syndicat Solidarité dans les années 80, l’opposition l’emporte avec 65% des voix ; à Kielce, dans le Sud cette fois, 61% pour le candidat d’opposition ; à Cracovie, toujours au Sud, 62%; à Szczecin à l’Ouest près de l’Allemagne, 78% ! On pourrait continuer la liste : Lodz, Poznan, et bien sûr la capitale Varsovie, où l’opposition l’avait emporté dès le 1er tour il y a deux semaines. En plus, le taux de participation pour ces municipales (55%) a été très honorable pour des élections locales, donc ces résultats possèdent une vraie légitimité.
Échec aux municipales, succès aux régionales
Mais Il y avait aussi hier des élections pour les Parlements régionaux en Pologne. Et là le résultat est inverse ! Le parti ultra-conservateur progresse. Avec plus de 30% des voix, il est désormais le premier parti dans 9 assemblées régionales sur 16, donc plus de la moitié. Et c’est une forte progression : avant il ne dominait qu’une seule région. Donc évidemment le parti au pouvoir ne retient que ce 2ème résultat, celui des régionales. Son leader Jaroslaw Kaczynski y voit un encouragement dans le bras de fer qui l’oppose à l’Europe: l’Union Européenne est très inquiète de l’évolution de l’Etat de Droit en Pologne, et en particulier des tentatives du parti ultra-conservateur de contrôler la justice. Bruxelles a lancé ce qu’on appelle "une procédure d’infraction" contre Varsovie. Et les relations sont très tendues.
Un pays profondément divisé
Si les résultats sont aussi différents, voire opposés entre les municipales et les régionales, c'est parce que la Pologne est un pays aujourd’hui très divisé, comme l'a montré il y a quelques semaines la controverse autour du film "Le clergé" sur la pédophilie dans l’Eglise. En l’occurrence, parmi les 38 millions de Polonais, il y a une vraie ligne de fracture entre les citadins et les ruraux. Les habitants des grandes villes ne supportent pas le parti populiste ultra-conservateur. Les habitants des petites villes et des campagnes le soutiennent, d’où ces succès dans les Parlements régionaux. C’est d’ailleurs une évolution que l’on constate dans de nombreux pays européens, à l’Est du continent comme à l’Ouest, de la Hongrie à la Grande-Bretagne en passant par l’Allemagne. Les villes et en particulier les centres-villes votent pour le centre droit, le centre gauche, les partis écologistes. Les petites villes, les banlieues et les campagnes votent pour les partis populistes de droite radicale voire d’extrême droite.
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