Sommet africain sur le Climat : le Kenya cherche à attirer des investisseurs pour exploiter ses trésors de géothermie et appelle à une collaboration avec le Nord
Le Kenya est une des régions au monde les plus touchées par le dérèglement climatique. Le Kenya accueille ce lundi 4 septembre le premier sommet africain sur le Climat. qui se déroulera à Nairobi pendant deux jours. C'est un des rares pays à disposer aujourd’hui d’une énergie à 90% renouvelable.
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Cette production est le résultat de choix politiques visionnaires, cohérents, constructifs, notamment mis en œuvre par les deux derniers présidents kenyans depuis déjà près de quinze ans. L'actuel chef de l'Etat, William Ruto, récolte aujourd’hui les fruits de cette culture des mégaprojets verts. Qu’ils soient hydroélectriques, éoliens, solaire également, c’est au Kenya que les habitants disposent d’un des taux le plus élevé au monde d’énergie issue des panneaux solaires.
Un trésor de sources d'eau chaude
Depuis 40 ans, le Kenya puise sa principale source d’énergie dans ses sources d’eau chaude. La géothermie représente près de 50% de l’électricité produite dans le pays, notamment dans le Hell’s Gate, ce parc national à une centaine de kilomètres de Nairobi. Ces paysages ont largement inspiré les illustrateurs du dessin animé Le Roi Lion et c'est l’une des principales attractions touristiques du pays. Mais les Kenyans savent depuis le milieu des années 80 que c’est en sous-sol que se trouve leur plus grande richesse. L’utilisation des eaux chaudes du Hell’s Gate font aujourd’hui du pays le premier producteur africain de géothermie et le 7e mondial.
Ce classement donne désormais à William Ruto un poids inédit dans les débats sur l’avenir des énergies renouvelables. Logiquement, il préside aujourd’hui ce premier sommet africain sur le climat. Pour preuve que sa parole n’est pas prise à la légère, tous les grands acteurs sont là : le secrétaire général de l’ONU, le prochain président de la COP28, l’Américain John Kerry, en charge des questions climatiques aux États-Unis, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen.
Promouvoir une collaboration Nord-Sud dans le monde
William Ruto plaît beaucoup aux pays du Nord parce qu’il ne joue pas la carte de la confrontation Nord-Sud. À l’inverse du président brésilien Lula par exemple, il ne construit pas son discours sur le fait que le Sud est la première victime des dégâts commis par le Nord et que, par conséquent, le Nord doit payer. William Ruto va au-delà de cette logique-là : plutôt que d’imposer ou de compenser, il promeut de collaborer.
Ce qu'il explique est que les pays africains sont en mesure de produire d’immenses volumes de renouvelables - le Kenya en est la première incarnation - et que les pays riches, s’ils veulent en profiter, doivent accepter de partager leur technologie.
Il sera bien bien sûr question à Nairobi du refinancement de la dette des pays d'Afrique, de la mise en place de taxe sur les énergies fossiles et les industries polluantes. Mais le fait de partager les technologies, et d'attirer les investisseurs verts est au cœur de ce que veut impulser William Ruto pour freiner le dérèglement climatique.
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