Russie : quelles sont les routes du contournement des sanctions occidentales ?
Le Premier ministre russe participe, mardi 23 mai, à un forum d'affaires Russie-Chine à Shanghai. Sous pression économique, Moscou cherche à construire de nouvelles routes commerciales pour contourner les sanctions occidentales. Le premier corridor de contournement est la route de l'est vers la Chine, devenu le premier client de la Russie dans le domaine énergétique. Les livraisons russes à son voisin oriental devraient augmenter de 40% cette année. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint un niveau record en 2022 avec 190 milliards de dollars, et pourraient franchir la barre des 200 milliards en 2023.
Ce n'est pas un hasard si ce forum de Shanghai accueille des hommes d'affaires russes visés par des sanctions occidentales, notamment dans les secteurs de l'acier, des mines ou des fertilisants. Les marchés européens se sont refermés brutalement avec l'invasion de l'Ukraine. Résultat : Moscou met le cap à l'est, mais avec le risque d'être pieds et poings liés face au géant chinois.
Un corridor commercial nord-sud
Un accord a été signé entre Moscou et Téhéran la semaine dernière pour créer un corridor commercial nord-sud afin d'éviter le transit des marchandises par le détroit du Bosphore en Turquie et le canal de Suez en Égypte. Bref, une nouvelle route pour contourner les sanctions occidentales. Le projet prévoit notamment la construction d'une voie de chemin de fer longue de 164 km entre les villes iraniennes d'Astara, à la frontière avec l'Azerbaïdjan, et celle de Rasht sur la mer Caspienne. Des liaisons maritimes et des routes terrestres sont aussi prévues.
Lors de la signature, Vladimir Poutine avait expliqué que grâce à cette nouvelle route commerciale, la livraison de marchandises depuis Saint-Pétersbourg jusqu'à Bombay en Inde pourrait prendre une dizaine de jours seulement contre un mois à un mois et demi aujourd'hui. L'Inde qui est devenu, avec la Chine, l'un des principaux importateurs d'hydrocarbures russes. Moscou tente de sauver ses exportations énergétiques en bradant son pétrole et son gaz, y compris à des pays producteurs comme l'Arabie ou les Émirats qui achètent les livraisons russes à bas prix pour leur propre consommation intérieure.
Avec ce paradoxe : la percée commerciale de la Russie vers le Sud et l'Est pour échapper aux sanctions constitue certes une bouffée d'oxygène pour son économie, mais accentue aussi sa dépendance vis-à-vis de ses clients non occidentaux.
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