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Révolution sociétale aux Emirats arabes unis

Petite révolution dans le Golfe persique. Les Emirats arabes unis viennent d'autoriser le mariage civil d'un couple non musulman, en l'occurrence un couple canadien. Une réforme hautement symbolique, signe d'une libéralisation sociétale, mais aussi dictée par des raisons économiques.

Article rédigé par franceinfo, Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vue générale de buildings à Dubaï, aux Émirats arabes unis, en mai 2021. Photo Illustration. (GIUSEPPE CACACE / AFP)

La délivrance d'un certificat de mariage civil est une première dans la région où les unions passent par une autorité religieuse, essentiellement musulmane ou chrétienne. Cette mesure sans précédent fait suite à une longue liste de réformes libérales adoptées récemment aux Emirats arabes unis.

On peut citer l'adoption le passage du week-end du vendredi-samedi au samedi-dimanche, l’allégement des restrictions sur l'alcool, mais aussi l'autorisation du concubinage. En fait, si les Emirats arabes unis multiplient les réformes sociétales, c'est dans le but de fidéliser les bataillons d'expatriés qui font tourner le pays, les locaux étant largement minoritaires, un million sur les 10 millions de la population totale des Emirats.

Pendant l'épidémie de Covid, beaucoup d'étrangers sont partis et ne sont pas revenus, notamment des Indiens et des Britanniques. D'où une nouvelle politique de visas généreuse et diversifiée : "green visas" pour les étudiants étrangers les plus brillants, "golden visas" pour les cadres et les spécialistes, sans parler des "free-lance visas" pour attirer des expatriés dans le domaine des industries culturelles et numériques. L'objectif affiché par les autorités d'Abou Dhabi est de recruter 100 programmateurs informatiques par jour !

Un visa pour les retraités a même été créé, sous certaines conditions financières ou l'acquisition d'un bien immobilier. Bref, les Emirats font la chasse aux talents et aux expatriés qui sont le moteur de leur économie.

Bataille économique entre émirs du Golfe

Le Qatar, qui organise l'année prochaine la Coupe du monde de football, cherche à capitaliser sur cet événement planétaire pour lui aussi continuer à attirer des expatriés. Et puis, il y a surtout l'Arabie saoudite qui a de grandes ambitions économiques et qui, sous la férule du prince héritier Mohamed ben Salman, multiplie les ouvertures sociétales, comme la levée de l'interdiction de conduire pour les femmes, la mise sous l'étouffoir de la police religieuse, ou encore l'organisation de concerts et d'évènements sportifs.

L'Arabie saoudite veut devenir un hub économique et donc concurrencer Dubaï et les Emirats. Mohamed ben Salman a décrété que les grandes compagnies internationales installées à Dubaï ne pourraient plus faire de business dans le royaume à partir de 2024, si elles ne transféraient pas leur siège régional à Riyad.

Le géant pétrolier Shell a déjà plié bagages et s'est redéployé en Arabie D'autres sociétés pourraient suivre le mouvement. Autant dire qu'entre émirs du Golfe, on ne se fait pas de cadeau quand il s'agit de parler gros sous.

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