Main tendue aux États-Unis, réconciliation avec la Colombie, le Venezuela confirme son retour sur la scène internationale
La réconciliation générale n’est plus si loin. Lors d’une interview dimanche 1er janvier sur la télévision TeleSur avec le journaliste Ignacio Ramonet, le président vénézuélien a clairement offert une branche d’olivier aux États-Unis. "Le Venezuela est prêt, totalement prêt, affirme Nicolas Maduro, pour engager un processus de normalisation, de régularisation des relations diplomatiques, consulaires, politiques, avec ce gouvernement des États-Unis, et aussi avec ceux qui pourraient lui succéder."
On a du mal à croire que c’est Nicolas Maduro qui parle, lui qui est à couteaux tirés avec Washington depuis plusieurs années, en particulier en raison du soutien apporté par les États-Unis, à son rival d’opposition Juan Guaido. D’ailleurs, le président vénézuélien reste sur ses gardes. Dans ce même entretien, il dénonce "la politique de menaces, de chantages, de coups d’État" menée ces dernières années par Washington. Mais il ajoute croire en "un rayon de lumière pour que la page se tourne" et il propose même implicitement une rencontre avec Joe Biden en se disant prêt à "un dialogue au plus haut niveau." C’est une petite révolution.
Frontières rouvertes avec la Colombie
Dans le même temps s'opère donc aussi une réconciliation avec les voisins colombien et brésilien, réconciliation facilitée évidemment par le changement de couleur politique dans ces deux pays. Au Brésil, Lula, investi dimanche 1er janvier, va chercher à recoller les morceaux avec le Venezuela, là où son prédécesseur Jair Bolsonaro voyait en Nicolas Maduro "un ennemi communiste". Et surtout la bascule de la Colombie à gauche, une première dans l’Histoire du pays, modifie totalement la relation avec le Venezuela.
Toujours ce dimanche 1er janvier, moment très symbolique : les deux pays ont totalement rouvert leurs frontières communes, pour la première fois depuis sept ans. Ils ont inauguré le nouveau pont international qui relie les villes d’Urena et de Cucuta, un pont construit en 2016 mais jamais ouvert en raison des tensions entre les deux pays. C’est d’ailleurs lié au rétablissement du dialogue avec Washington : le pouvoir vénézuélien refusait d’ouvrir ce pont parce qu’il accusait les États-Unis de vouloir faire transiter par cette route de l’aide à l’opposant Juan Guaido.
L'enjeu des ressources pétrolières
L’explication de cette réconciliation générale est économique. Le Venezuela possède sans doute les premières réserves de pétrole au monde. Avec l’embargo américain, la production a chuté, divisée par quatre. Mais la volonté des Occidentaux de ne plus se fournir en pétrole auprès de la Russie les pousse à chercher de nouveaux fournisseurs. Donc le Venezuela redevient fréquentable. Dès le mois de novembre dernier, le géant du pétrole américain Chevron a été autorisé à reprendre ses activités d’extraction dans le pays. Et si tout va bien, a précisé Nicolas Maduro dans cet entretien du 1er janvier, "la concession peut durer 100 ans".
Dans l’autre sens, le Venezuela a également besoin de faire rentrer des capitaux. Son économie est exsangue : 80% des 28 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Les avoirs bancaires à l’étranger sont bloqués. Et le commerce avec le Colombie a été divisé par 15 au cours des 10 dernières années. Donc il y a urgence à relancer la machine.
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