Levée d’embargo, accord avec l’opposition... le Venezuela sort de son isolement
Ce week-end du 27 novembre restera peut-être comme celui qui a vu le régime vénézuélien redevenir fréquentable aux yeux de l’Occident, après quatre années de bras de fer, depuis les élections de 2018. Acte 1, le pouvoir de Nicolas Maduro a d’abord signé un accord avec plusieurs partis d’opposition. Le tout à Mexico, après une médiation conduite par la Norvège et le Mexique. L’accord doit permettre de débloquer plus de trois milliards de dollars de fonds vénézuéliens bloqués à l’étranger, afin de financer une aide d’urgence aux plus démunis. La pauvreté touche 80% de la population dans ce pays de 28 millions d’habitants, 7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
Une conséquence de la guerre en Ukraine
Pour Jorge Rodriguez, le chef de la délégation du pouvoir vénézuélien à Mexico, c’est un "accord social" destiné à aider le peuple. Il martèle avoir insisté sur la nécessité "de venir en aide aux gens." Dans la foulée de cet accord, acte 2 : les États-Unis ont aussitôt allégé l’embargo pétrolier contre le Venezuela, en autorisant le géant du pétrole américain, Chevron, à reprendre ses activités d’extraction dans le pays.
Cette volte-face s'explique pour trois raisons. La première, c’est que les Occidentaux ne peuvent plus se fournir en pétrole auprès de la Russie, une conséquence de la guerre en Ukraine. IIs cherchent donc des solutions alternatives. Le Venezuela possède parmi les premières réserves, si ce n’est les premières réserves de pétrole brut, au monde. En raison de l’embargo depuis près de quatre ans, sa production a chuté, passant de deux millions et demi de barils par jour, à 760.000. Elle va pouvoir repartir à la hausse. Deuxième raison, le paysage politique général en Amérique latine est devenu plus favorable au pouvoir de Nicolas Maduro. Il a plus d’alliés, avec les victoires de Gustavo Petro en Colombie et de Lula au Brésil. Globalement aujourd’hui, la gauche, même si elle a des visages différents selon les pays, contrôle presque tout le continent. Enfin, troisième raison : la situation économique et sociale est catastrophique au Venezuela. Système de santé en perdition, réseau électrique défaillant, malnutrition croissante, le pouvoir a besoin d’argent. Ça pousse à la négociation.
Des élections libres espérées par l'opposition
La suite s’annonce plus compliquée. Dans l’esprit de l’opposition, l’accord de ce week-end est un premier pas. L’objectif, c’est l’organisation d’élections libres l’an prochain, ou au plus tard dans deux ans. Rappelons que le résultat du dernier scrutin, en 2018, n’a pas été reconnu par de nombreux pays.
À l’époque, la France, par exemple, avait considéré que Nicolas Maduro n’était plus légitime. Elle avait pris fait et cause pour le leader de l’opposition, Juan Guaido. Les circonstances ont changé. Emmanuel Macron parle à nouveau à Nicolas Maduro. Tout simplement parce que Nicolas Maduro a tenu, il est toujours là, et il a beaucoup de pétrole.
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