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Les pêcheurs et les pingouins des îles Malouines victimes du Brexit

Dans l’extrême sud de l’Atlantique, ce territoire britannique également appelé Falklands voit d’un fort mauvais œil l’accord commercial sur le Brexit finalisé le 24 décembre.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des manchots royaux, sur les Îles Malouines, en 2007 (illustration). (DANIEL GARCIA / AFP)

Les îles Malouines, ce petit archipel de la taille d’un département français (12 000 km2) et de seulement 3 000 habitants, sont inquiètes à la fois pour leurs pêcheurs et pour la faune marine. Les Malouines sont célèbres depuis la guerre de 1982, qui avait vu l’Argentine voisine (et alors sous dictature) tenter de prendre possession de ce territoire britannique. Le Royaume-Uni avait remporté ce bref conflit, mais les Falklands, comme on dit en anglais, ont conservé depuis un statut particulier. Ses habitants n’ont donc pas eu le droit de voter lors du référendum sur le Brexit il y a 4 ans et demi. Résultat : ils ont aujourd’hui la sensation d’être les dindons de la farce. L’accord commercial entériné il y a 4 jours exclut de son champ d’application les pêcheurs de l’archipel et parce qu’il y a controverse juridique sur la zone économique exclusive des Malouines.

Concrètement, cela veut dire que des droits de douane entre 6 et 12% vont désormais s’appliquer sur les exportations des pêcheurs des Falklands vers l’Union européenne. Une très mauvaise nouvelle pour l’archipel : la pêche est la ressource numéro 1 des Malouines, et de loin : 40% du PIB, 60% des ressources fiscales. Et 90% des exportations se font vers l’Europe, en particulier les calamars, exportés via l’Espagne. Le 28 décembre, l’association des pêcheurs des Falklands a donc manifesté son vif mécontentement. Elle affirme redouter un impact considérable sur l’emploi.

Des pingouins protégés par l'Union Européenne

Autre source d’inquiétude dans l’archipel, c’est l’avenir de la faune. Les Malouines constituent un sanctuaire exceptionnel pour la faune marine : des baleines, des otaries, des lions de mer, et surtout de multiples variétés de pingouins (des gorfous, des manchots, des pingouins royaux). On les compte par centaines de milliers, parce qu’ils viennent faire leur nid dans les îles. C’est aussi devenu un enjeu économique : ils attirent les touristes. Le tourisme est devenu la deuxième ressource de l’archipel.

Seulement voilà, depuis longues années, la protection de ces animaux est assurée par des fonds de protection européens : de l’ordre de six millions d’euros depuis 2014, un million par an. Ces fonds vont disparaître avec le Brexit. Le gouvernement britannique a promis une compensation équivalente, dans le cadre d’un dispositif baptisé Darwin Plus. Mais les défenseurs de l’environnement sont inquiets.

Les convoitises de l'Argentine

Tout ça pourrait relancer le débat sur le statut de cet archipel, puisque l’Argentine n’a jamais renoncé à ses prétentions territoriales sur les Malouines. "Malvinas Argentinas", "les Malouines à l’Argentine", c’est un slogan que l’on entend toujours à Buenos Aires. Pour l’Argentine, le statut actuel est un héritage anachronique du colonialisme. En 2013, lors d’un référendum local, les habitants de l’archipel avaient voté à la quasi-unanimité pour le maintien au sein du Royaume-Uni. Mais la pilule du Brexit s’annonce amère. Cette nouvelle donne pourrait donc les pousser à se rapprocher de leur voisin argentin, économiquement en tous cas, ne serait-ce que par intérêt commercial, par simple proximité.

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