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Les conservateurs russes veulent interdire Halloween

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper. Aujourd’hui, direction la Russie, en ce mercredi 31 octobre où l'on fête Halloween, où se développe une fronde au nom des valeurs et de la religion.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une femme maquillée pour Halloween regarde son téléphone portable alors qu'elle attend le métro à Moscou, le 31 octobre 2018 (MLADEN ANTONOV / AFP)

En Russie, Halloween ne fait pas l’unanimité. Toute une partie de l’Église orthodoxe et de nombreux élus conservateurs sont vent debout contre cette "fête des morts" venue de l’Occident. Plusieurs députés ont appelé le ministre de l’Éducation à interdire Halloween au motif qu’il s’agit, je cite : "D'une adoration de Satan."

À Tchelyabinsk, au centre du pays, les prêtres orthodoxes estiment que les fêtes comme Halloween alimentent "le relativisme et la morbidité qui conduisent aux tueries de masse". Rien que ça. En Crimée, cette région du sud annexée par la Russie lors de la guerre contre l’Ukraine, le chef du gouvernement qualifie Halloween : "D’agression spirituelle contre les valeurs de la Russie." On pourrait multiplier les exemples.

Une "menace pour l'état mental des jeunes"

Et ça peut aller au-delà des simples critiques et des attaques verbales. C’est plus rare mais ça arrive ! À Moscou, cette année, certains collèges ont interdit à leurs élèves de se déguiser. Et l’an dernier, à Arkhangelsk dans le Nord de la Russie, la même interdiction a frappé tous les établissements scolaires. Les arguments sont toujours les mêmes : c’est une fête païenne qui porte atteinte aux valeurs chrétiennes, elle célèbre la mort et peut pousser les adolescents au suicide, et surtout elle vient d’Occident.

D’ailleurs, la télévision d’État n’a pas hésité ces derniers jours à donner la parole à des psychologues qui y voient "une menace pour l’état mental des jeunes". En fait, avec le retour progressif de la guerre froide entre Moscou et Washington, l’opposition anti-Halloween a tendance à s’accroître d’année en année.

Un goût prononcé pour la fête et le déguisement

Il y a un enjeu parce que désormais les Russes fêtent Halloween, évidemment pas avec l’ampleur des pays celtes et anglo-saxons. Mais, chez les moins de 25 ans en Russie, ils sont quand même 13% à célébrer le 31 octobre au soir. Et cette proportion augmente. Donc l’opposition anti Halloween s’accroît, mais la pratique d’Halloween s’accroît aussi. Il faut dire que les Russes adorent se déguiser et faire la fête. De nombreuses écoles maternelles et primaires incitent leurs élèves à se grimer pour l’occasion. Et à Moscou, les magasins de déguisement font chaque année des affaires à l’occasion d’Halloween.

L'opposition latino-américaine et l'indifférence asiatique

Précisons qu'il y a d’autres pays où l’on n’aime pas les citrouilles. C'est particulièrement le cas dans les régimes d’Amérique Latine qui se revendiquent de gauche : le Brésil jusqu’à la chute récente de Lula et du Parti des travailleurs, le Venezuela de Chavez et Maduro, l’Equateur ou Cuba. Dans tous ces pays, Halloween est présenté comme un cheval de Troie de l’impérialisme culturel américain. Mais il y a aussi et surtout beaucoup de pays où Halloween n’existe tout simplement pas dans le paysage. C’est le cas dans une grande partie de l’Asie et de l’Afrique.

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