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Le selfie de la réconciliation entre la Grèce et la Macédoine du Nord

Cette photo des deux premiers ministres des deux pays scelle un accord de paix, espéré depuis près de 30 ans.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Le premier ministre macédonien, Zoran Zaev (à gauche), et le premier ministre grec, Alexis Tsipras(à droite).  (GEORGI LICOVSKI / EPA)

Ce selfie a été pris mardi 2 avril à la mi-journée à Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord, ce petit pays grand comme deux départements français, juste au Nord de la Grèce. A gauche sur la photo, c’est le Premier ministre macédonien, Zoran Zaev, qui tend le bras pour prendre le selfie. À droite, il s'agit du Premier ministre grec, Alexis Tsipras. 

Les deux hommes sont tout sourire et posent, sous le soleil, devant la résidence du dirigeant macédonien. Le cliché est révélateur de l’ambiance qui régnait à Skopje : les deux hommes ont multiplié les accolades et les tweets mutuels de congratulations. Il s'agissait de la première visite d’un Premier ministre grec chez son voisin depuis l’indépendance des Macédoniens en 1991. Et surtout, cette visite entérine la paix entre les deux pays, ratifiée au début de cette année par les deux Parlements. D’ailleurs, les deux premiers ministres font partie aujourd’hui des noms suggérés pour le prochain prix Nobel de la paix. 

Un nouveau nom qui a du mal à passer

Ces avancées n'ont pas eu lieu sans mal. Cet accord de Prespes est même passé ric-rac devant le Parlement grec. La controverse portait sur le nom même de la Macédoine, inacceptable pour de nombreux Grecs. Parce que la Macédoine c’est aussi le nom d’une région de la Grèce, terre historique d'Alexandre le Grand, l’une des grandes figures de l’Antiquité. Le compromis a entériné la formulation "Macédoine du Nord", pour qualifier le nouveau pays. Mais aujourd’hui encore l’opposition à cet accord reste forte. Les nationalistes des deux bords, en particulier, continuent de mettre des bâtons dans les roues. Par exemple, le président macédonien refuse pour l’instant de ratifier tous les textes qui incluent la mention "Macédoine du Nord". Ce n’est pas mieux de l’autre côté de la frontière : il y a quelques semaines, des automobilistes grecs ont arraché les plaques d’immatriculation de voitures venant de Macédoine du Nord.  

L'économie pour cimenter la paix

C’est par l’économie que les choses pourraient se normaliser. Le premier ministre grec était accompagné hier de dix ministres et de 35 chefs d’entreprise ! Agriculture, énergie, transports, tout est sur la table. Les différents contrats sont estimés à 500 millions d’euros. Et c’est gagnant-gagnant pour les deux pays. De nombreux contrats sont envisagés pour les entreprises grecques : canalisations de gaz, fourniture d’énergie solaire, et un projet de ligne ferroviaire pour relier Skopje à Thessalonique. C'est aussi bénéfique pour la Macédoine du Nord, ces infrastructures devraient favoriser le développement, un accord de Défense pour protéger le pays est aussi en projet, et il y a un espoir politique : rejoindre l’OTAN et aussi l’Union Européenne.

Cet accord est aussi un symbole pour l’ensemble des Balkans, cette région souvent présentée comme condamnée au conflit. Il y a donc beaucoup d'espoir derrière ce simple selfie.    

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