Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, souhaite renégocier les accords de pêche en faveur de ses concitoyens
17% de la population active du Sénégal, soit 600 000 personnes, vivent directement ou indirectement de la pêche. Mais la surpêche industrielle pratiquée dans les eaux sénégalaises est telle que les poissons se font rares, au grand désespoir des pêcheurs locaux qui sont privés de leur gagne-pain et sont contraints parfois de prendre le large pour rejoindre les îles Canaries.
Les pêcheurs sénégalais sont devenus des migrants potentiels. La surexploitation des ressources halieutiques est en partie liée aux accords signés avec l'Union européenne, qui permettent à des bateaux sous licence européenne de venir pêcher dans la zone exclusive du Sénégal. Chaque année, ces navires repartent avec 10 000 tonnes de thon et 1 700 tonnes de merlu noir contre 3 millions d'euros que l'Europe reverse en contrepartie à Dakar.
Les pêcheurs sénégalais accusent ces immenses chalutiers de venir trop près de leurs côtes et de piller littéralement leurs fonds, d'autant qu'ils récupèrent dans leurs filets des petits poissons comme des sardines ou des anchois qui nourrissent la population locale. Le nouveau président du Sénégal veut donc réserver les 12 premiers milles marins, soit environ 20 kilomètres depuis le littoral, aux pêcheurs artisanaux pour éloigner les bateaux industriels et redonner la priorité aux pires guerres.
Des bateaux sénégalais pêchent pour d'autres pays
En théorie, seuls les navires sénégalais ou exploités par un pays qui a conclu un accord avec Dakar sont autorisés à pêcher. Mais une partie des bateaux serait exploitée par des sociétés écrans basées au Sénégal et qui opèrent pour le compte de pays tiers. 20% d'entre eux seraient ainsi liés à des bénéficiaires chinois. Cependant, Pékin n'a jamais signé d'accords de pêche avec le Sénégal.
Les chalutiers chinois interviennent en général sous la couverture d'un prête-nom sénégalais. Ils pratiquent une pêche destructrice. Ce sont eux qui impactent le plus les pêcheurs locaux, qui se plaignent également du manque de transparence dans l'attribution des licences de pêche.
Il y a quatre ans, Greenpeace Africa avait mis en lumière des licences accordées sans l'agrément officiel du ministère de la Pêche à quatre navires chinois, au détriment des pêcheurs artisanaux dont les licences sont gelées depuis 2012. La lutte contre la corruption, c'est aussi l'une des priorités du nouveau président Faye, qui a promis à ses concitoyens une rupture par rapport au passé.
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