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La spectaculaire extradition vers les États-Unis du baron de la drogue colombien Otoniel

Cet homme est souvent présenté comme le successeur du baron de la drogue Pablo Escobar. Il était réclamé depuis longtemps par Washington.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dairo Antonio Usuga David, alias "Otoniel", est escorté par la police colombienne à l'aéroport de Bogota pour être extradé aux Etats-Unis, le 4 mai 2022. (AFP / COLOMBIAN PRESIDENCY)

Le pouvoir colombien n’a pas fait les choses à moitié dans la soirée du mercredi 4 mai. Il a monté une spectaculaire opération de communication autour de l'extradition du baron de la drogue Otoniel, souvent présenté comme le successeur du baron de la drogue Pablo Escobar. Les images diffusées par les médias colombiens montrent d’abord un énorme convoi ultra sécurisé sur l’autoroute qui conduit à l’aéroport El Dorado de Bogota, la capitale du pays. Il y a plusieurs véhicules blindés et des dizaines de motards.

On voit ensuite Otoniel, en gros plan, sur le tarmac. Il est remis à des officiers et soldats américains en treillis et lunettes noires. Il porte un gilet pare-balles et un casque, il a les pieds et poings liés. Il affiche un étrange sourire sur son visage mal rasé : à moitié narquois, à moitié larmoyant. L’ennemi public numéro un de la Colombie lance quelques injures à ses gardes. Puis il est embarqué à bord du vol N110. Direction New-York, où il doit être incarcéré à Brooklyn.

Aussitôt après le décollage du vol, le président colombien Ivan Duque poste une vidéo sur Twitter où il confirme l'extradition : "Il s’agit du trafiquant de drogue le plus dangereux au monde, la légalité et l’État de droit triomphent", affirme Duque. 

Dans la tradition de Pablo Escobar

Otoniel avait été arrêté fin octobre 2021, à l’issue d’une opération spectaculaire dans la jungle colombienne. Les États-Unis avaient offert 5 millions de dollars pour son interpellation. Il présente beaucoup de points communs avec l’ancien baron de la drogue Pablo Escobar tué en 1993. Otoniel est âgé aujourd’hui de 50 ans. De son vrai nom Dario Antonio Usuga, il avait d’abord fait partie de la guérilla d’extrême-gauche dès l’âge de 18 ans. Avant de changer complètement de bord et de rejoindre les groupes paramilitaires d'extrême droite. Refusant de rendre les armes après les accords de paix avec la guérilla des Farc. Il prend ensuite la tête du Clan del Golfo, le plus important des gangs de narcotrafiquants du pays. Une organisation comptant environ 1 600 hommes. Ses méthodes : l’extorsion de fonds, l’exploitation minière et surtout le trafic de drogue. De l’ordre de 300 tonnes de cocaïne exportées chaque année vers une trentaine de pays, d’abord les États-Unis, premier débouché et de loin pour la drogue colombienne.  

Une extradition en pleine campagne électorale

Cette extradition intervient en outre dans un contexte particulier : la Colombie est en pleine campagne électorale. Les élections générales sont prévues à la fin du mois, le 29 mai, dans ce pays de 50 millions d’habitants. La forte médiatisation de cette extradition peut donc être analysée comme un coup politique de la part du pouvoir de droite d’'Ivan Duque. Mais ça ne va pas nécessairement changer le cours de la campagne. Duque est très impopulaire et le candidat de gauche Gustavo Petro part grand favori du scrutin. Ancien maire de Bogota, associé à une écologiste, cet ancien guérillero marxiste semble parti pour renverser la table dans un pays traditionnellement marqué à droite où l’armée et la police ont un poids politique considérable. L’Amérique Latine connaît d’ailleurs, depuis plusieurs mois, dans de nombreux pays, un mouvement de balancier assez marqué vers la gauche.    

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