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La rivalité France-Russie en Centrafrique

Au coeur du continent africain, Paris et Moscou sont désormais en concurrence ouverte en République centrafricaine, comme en témoigne la visite sur place de la ministre française des Armées.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des femmes se rendent au marché, à Bangui, en Centrafrique, un pays en proie à la crise. (SERGE DIBERT / MAXPPP)

Bangui. C'est ici que se trouve depuis lundi 10 décembre et pour 48 heures la ministre française des Armées. Florence Parly n’est pas venue les mains vides, elle a apporté dans ses bagages 1 400 fusils d’assaut et des véhicules amphibie pour aider l’armée régulière centrafricaine.

Bangui, c’est la capitale de ce pays de quatre millions et demi d’habitants, un pays charnière en plein milieu du continent africain, entre le Tchad au Nord, le Soudan à l’Est et la République démocratique du Congo au Sud. Un pays ravagé par la guerre civile. 

Un mois plus tôt, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait lui annoncé le déblocage d’une aide française de 24 millions d’euros. Objectif : régler des arriérés de salaires et de retraites des fonctionnaires du pays et financer des constructions de ponts. Deux ans après le retrait précipité de l’opération militaire française Sangaris, restée trois ans sur place pour mettre un terme aux combats entre milices, Paris fait donc le choix de revenir.

Une offensive russe sur tous les terrains

Mais entre-temps, les Russes ont comblé le vide ! En moins d’un an. Moscou a déployé d’abord un dispositif militaire : plus de 300 officiers instructeurs, essentiellement des mercenaires dépendants d’une société privée, et aussi des milliers de fusils d’assaut et près de 300 lance-roquettes. Les militaires russes ont déjà formé plus de 1 600 soldats. Et désormais le conseiller à la sécurité du président centrafricain est russe. L’offensive de Moscou se prolonge sur le terrain politique : la Russie a initié un nouveau processus de paix pour essayer de réconcilier les 14 milices qui se partagent le pays. C’est le processus de Khartoum. Petit problème : il est en concurrence directe avec les négociations effectuées sous la houlette de la France et de l’Union africaine.

Et la Russie se déploie aussi sur le terrain culturel et social : financement d’une radio et de journaux gratuits, de concours de poèmes et de tournois de football. Et même le week-end dernier, organisation du concours de Miss Centrafrique dans le grand stade de Bangui !  Moscou voit dans ce pays abandonné une tête de pont idéale au cœur du continent africain, tout en lorgnant ses réserves minières (l’or et les diamants).  

L'un des pays les plus pauvres au monde

Pour les Centrafricains eux-mêmes, tout cela ne change pas grand-chose. Le pouvoir central ne contrôle que 20% du pays. Tout le reste est en proie aux milices. Avec des tueries fréquentes : par exemple plus de 40 personnes tuées il y a trois semaines dans le centre du pays, à Alindao. Il y a bien 12 000 hommes de la force de l’ONU, la Minusca. Mais ça ne change pas grand-chose. En Centrafrique aujourd’hui, près de la moitié de la population est déplacée. Et dans l’indice de développement humain de l’ONU, la Centrafrique est classée 188e au monde, sur 189.  

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