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La petite île de la Barbade s'affranchit de la monarchie britannique

Direction les Caraïbes, plus précisément la petite île de la Barbade, qui s’apprête à devenir une République. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Illustration île de la Barbade.  (JEWEL SAMAD / AFP)

Adieu la monarchie, vive la République ! Mardi 30 novembre, la Barbade quitte le giron de la reine Elizabeth avec la prise de fonction de sa toute nouvelle et première présidente de la République, Sandra Mason, 72 ans, magistrate de formation, élue le mois dernier.

La Barbade, c’est un confetti sur la carte des Caraïbes, au sud de la Martinique, 460 km2, 290 000 habitants. L’île est célèbre pour ses plages paradisiaques et son eau turquoise, et aussi pour être la terre natale de la chanteuse Rihanna. Et cet affranchissement de la tutelle monarchique est un événement sur place. Les cérémonies commencent dès ce lundi soir, avec parades militaires à la clé, et la présence du prince Charles.

La Barbade est indépendante depuis 1966 (il y a donc 55 ans) mais elle restait rattachée au Commonwealth britannique. Cet avènement de la République a donc valeur de symbole et vient rouvrir le débat sur les cicatrices laissées par la colonisation et en particulier par l’esclavage. La Barbade était vraiment l’une des plaques tournantes de la traite des Noirs venus d’Afrique, et les historiens soulèvent combien la famille royale britannique couvrait ce système, avant l’abolition en 1838 dans les Caraïbes. Les inégalités sociales, très fortes sur l’île, sont aussi un héritage de cette période, certaines familles ayant hérité du pouvoir légué par les Britanniques. La présence du prince Charles à ces cérémonies, n’est donc pas du goût de tout le monde.

Les défis qui attendent la jeune République de la Barbade

Cela dit, couper les ponts avec la Couronne britannique n’est pas un remède miracle, pour une île qui a beaucoup de soucis ! Et le plus immédiat c’est la lutte contre la pandémie de Covid-19. La Barbade est en effet confrontée à une vague très forte avec beaucoup de victimes. Et la conséquence de la pandémie, c’est l’impact sur le tourisme, l’une des principales ressources de l’île. Avant l’apparition du virus, la Barbade accueillait chaque année plus d’un million de visiteurs, provenant essentiellement du Royaume-Uni ; la chute est estimée à 50% en 18 mois. Effet en chaîne : le chômage est en forte hausse, il atteint désormais 16%.

Le défi de la Barbade devenue République, ce sera donc de développer un nouveau modèle économique, moins dépendant du tourisme britannique. Une partie de la société barbadéenne espère aussi que cet avènement de la République va ouvrir la voie à des dédommagements financiers de la part de Londres pour le préjudice de l’esclavage et de la colonisation.

Une émancipation qui pourrait donner des idées à d'autres pays encore sous tutelle britannique

La Barbade n’est pas la première à s’émanciper. Toujours dans les Caraïbes, la Dominique ou Trinidad et Tobago l’ont fait dès les années 70. Les îles Fidji dans le Pacifique ou l’île Maurice dans l’Océan Indien, ont également pris leur totale autonomie il y a 30 ans. Sans oublier l’Inde, totalement indépendante depuis 1947.

Mais il reste 15 pays sous la tutelle de la famille royale. La plupart dans les Caraïbes, à commencer par la Jamaïque, ou bien St Vincent, St Kitts and Nevis. Et puis il y a les grands, l’Australie, le Canada. Autant de pays qui pourraient s’interroger à leur tour sur le fait de s’affranchir de la monarchie britannique. A fortiori quand la reine Elizabeth II ne sera plus de ce monde. Son aura a largement contribué à maintenir cette cohésion. Par exemple, en 1999, les Australiens, consultés par référendum, avait rejeté l’idée d’une République. Pas sûr que le résultat serait le même avec le prince Charles sur le trône.

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