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L'île de la Barbade dit "goodbye" à la couronne britannique

La Barbade, l'un des derniers confettis de l'Empire britannique, ne veut plus être un royaume dirigé par la reine d'Angleterre, mais une république. Le processus sera achevé en novembre 2021.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le village de Bathsheba, sur la côte est de la Barbade. (PHILIPPE TURPIN / MAXPPP)

Lorsque l'on parle de la Barbade, certaines images s'imposent assez vite : plages de sable blanc, eaux transparentes, hôtels de luxe, champs de canne à sucre et bars à rhum. Situé à la lisière des Caraïbes et de l'océan Atlantique, ce petit bijou des Antilles, resté pendant trois siècles sous domination britannique, ne veut plus être assujetti à la Couronne.

Indépendante depuis 1966  

La Barbade est indépendante depuis 1966, mais comme une quinzaine d'anciennes colonies (Australie et Canada, mais aussi tout un chapelet d'îles : Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Bélize, Grenade, Jamaïque, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Salomon et Tuvalu), elle est restée une monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth : la reine Elizabeth II est son chef d'État officiel.  

Aujourd'hui, ses 290 000 habitants veulent vivre en République et surtout tirer un trait définitif sur leur passé colonial. C'est la gouverneure générale de l'île, Sandra Mason, vêtue d'un tailleur couleur jaune citron et d'un chapeau à voilette assorti, qui a prononcé le divorce mardi dernier lors d'un discours devant le parlement. "Le temps est venu", a-t-elle dit, "de laisser complètement derrière nous notre passé colonial (...) C'est logiquement l'étape suivante : nous allons vers notre pleine souveraineté". Cette séparation avec la Couronne marquera "l’affirmation suprême de la confiance en qui nous sommes et en ce dont nous sommes capables".

Cette déclaration n'est pas une surprise puisque cela fait plusieurs décennies que l'on évoque le sujet à la Barbade. La statue de l'amiral Nelson en centre-ville n'a pas été déboulonnée (il a défendu l'île contre les colonisateurs français), mais en 1999 la place "Trafalgar Square" a été rebaptisée "Place des héros nationaux". L'île va donc élire un président et sa Cour de justice qui siège aujourd'hui à Londres sera transférée à Bridgetown, la capitale. Tout doit être achevé l'an prochain, le 30 novembre, jour anniversaire de l'indépendance.  

Réaction flegmatique à Buckingham  

Un porte-parole du Palais juge cette décision en termes très diplomatiques : "elle relève, dit-il, des autorités et de la population de la Barbade". Difficile de faire plus neutre. Mais avec le Brexit et le Covid-19, la fin de règne d'Elizabeth II connaît quelques turbulences. Plus le temps passe et plus son empire ressemble un ancien souvenir.

La Barbade n'est d'ailleurs pas le premier État du Commonwealth à vouloir rompre avec la Couronne. En leur temps, Trinité-et-Tobago, la Dominique et la Guyane britannique se sont déjà affranchies de la tutelle de la Couronne en devenant des républiques. La décision de la Barbade s'inscrit dans un mouvement plus large d'émancipation des Antilles anglophones, de plus en plus éloignée de l'influence britannique, et qui regardent davantage vers les États-Unis que vers l'Angleterre.  

Rihanna la Barbadienne  

La Barbade est aussi connue par sa représentante la plus célèbre, la superstar Rihanna, qui n'est pas américaine mais bien barbadienne. En 2018 elle a même officiellement été nommée ambassadrice de l’Etat insulaire, chargée d’en favoriser le tourisme, l’éducation et les investissements. 

 

D'autres îles cherchent elles aussi à se séparer de la couronne britannique, notamment la Jamaïque. La question d'un référendum à ce sujet se retrouve d'ailleurs au coeur de la campagne en cours pour les élections législatives de février 2021. D'après un sondage réalisé par le Jamaican Observer, 55% des sondés répondent "non" à la question : "Pensez-vous que la reine doit continuer à être notre chef d’État ?". Les Jamaïcains eux non plus ne se sentent plus de liens avec une monarchie dont les visites sont rares : à peine six voyages pour la reine Elizabeth II depuis son couronnement en 1952.

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