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La Nouvelle-Zélande veut taxer les pets et les rots des vaches pour lutter contre le réchauffement climatique

Le pays des antipodes annonce son intention d'imposer les émissions de gaz à effet de serre des animaux d’élevage, une première mondiale. Les agriculteurs s'inquiètent.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une vache broute de l'herbe en Nouvelle-Zélande, le 31 mai 2018. (WILLIAM WEST / AFP)

Le sujet fait la Une de la radio néo-zélandaise, mardi 11 octobre. On peut y entendre la présentatrice du journal souligner que ce projet de loi pourrait conduire de nombreux agriculteurs à mettre la clé sous la porte, parce qu’il prévoit d’être en vigueur dès 2025. Ce projet porté par la Première ministre Jacinda Ardern est une première mondiale : il s’agit tout simplement de faire payer un impôt aux agriculteurs qui possèdent des animaux d’élevage. Et ils sont nombreux en Nouvelle-Zélande : le pays compte entre 6 à 7 millions de vaches, contre 5 millions d’humains, sans compter les 26 millions de moutons !

Or, les vaches émettent beaucoup de méthane, en particulier en rotant, et aussi du protoxyde d’azote, via leur urine. Dans les deux cas, ces gaz participent aux émissions de gaz à effet de serre. Le projet de loi doit encore faire l’objet d’un débat parlementaire mais l’objectif est donc une mise en œuvre d’ici trois ans maximum. Cela s’inscrit dans le cadre des engagements de la Nouvelle-Zélande à réduire ses émissions de moitié d’ici 2030.

Un pari électoral risqué

Les principales associations agricoles sont vent debout contre le projet. "Beef and Lamb New Zealand" et "Federated Farmers" estiment que ce projet va "arracher les tripes des petites villes de Nouvelle-Zélande". Elles évaluent la facture à 3 milliards de dollars pour les agriculteurs et affirment que nombre d’entre eux vont vendre leurs terres. Elles soulignent aussi l’importance de l’enjeu pour la balance commerciale du pays : les produits agricoles, et les produits laitiers en particulier, sont l’un des principaux postes d’exportation de la Nouvelle-Zélande, notamment à destination de la Chine.

Le gouvernement répond que les agriculteurs, en compensation du paiement de cette taxe, pourront augmenter leurs tarifs ou recevront des aides pour basculer leurs activités vers des pratiques moins polluantes. Mais c’est tout de même un pari électoral risqué pour la Première ministre Jacinda Ardern. Les élections ont lieu l’an prochain, et son parti est au coude-à-coude avec l’opposition conservatrice dans les sondages. Les voix des agriculteurs pourraient donc peser lourd.  

50% des émissions de la Nouvelle Zélande

Cela dit, le fait est que les rots des vaches sont vraiment polluants. Le méthane est le deuxième gaz le plus nocif pour l’effet de serre, après le dioxyde de carbone émis par les transports et l’industrie. L’an dernier, les scientifiques du GIEC ont alerté sur le niveau de concentration en méthane, qui n’a jamais été aussi élevé dans le monde. En Nouvelle-Zélande, l’agriculture représente 50% des émissions de gaz à effet de serre du pays. L’élevage intensif de bétail, de vaches et de bœufs, est donc forcément sur la sellette. La science explore aussi des solutions alternatives, en inoculant par exemple des vaccins anti-méthane ou en modifiant l’alimentation des bovins en y introduisant des graines de lin ou de colza, ce qui limiterait les rejets de méthane par les rots des vaches.    

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