L'heure du verdict pour les anciens dirigeants de Fukushima
Huit ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, les anciens dirigeants de l’exploitant Tepco, seront fixés sur leur sort ce jeudi 19 septembre.
C’est l’heure du verdict pour trois anciens dirigeants de Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, poursuivis pour "négligences ayant entrainé la mort". Et ce verdict, il s’est fait attendre longtemps. C'est le premier procès au pénal à ce jour, huit ans après. Au civil, Tepco a déjà été condamné à huit millions d’euros de dommages et intérêts. Mais au pénal, le parquet japonais s’est longtemps opposé à des poursuites.
Le procès a finalement eu lieu en décembre dernier. Et depuis on attend le verdict. Tsunehira Katsumata, Ichiro Takekuro et Sakae Muto, étaient les trois dirigeants de la compagnie d’électricité de Tokyo, Tepco, propriétaire de la centrale de Fukushima. Le 11 mars 2011, après le tsunami et le séisme que l’on sait, la centrale est inondée. C’est la pire catastrophe nucléaire de l’Histoire avec Tchernobyl. 200 000 personnes prennent la fuite dans le chaos. Il y a près de 2 000 morts dans les opérations d’évacuation.
Un petit mur d'enceinte de trois mètres de haut
Les trois responsables de Tepco sont accusés de ne pas avoir suspendu la centrale à temps, et d’avoir sous-estimé le risque dans les mois et les années qui ont précédé. Plusieurs rapports, notamment en 2002 et 2008, avaient souligné le risque de vagues de submersion de 12 voire 15 mètres. D’autres centrales japonaises en avaient tenu compte, en rehaussant leurs enceintes de protection. Pas Fukushima, où le mur d’enceinte ne faisait que trois mètres de haut.
La ligne de défense des accusés tient en deux points principaux. D’une part, disent-ils, ils ne pouvaient pas être au courant de tous les rapports sur la sécurité, car tous ne sont pas fiables. D’autre part, ils ajoutent que l’ampleur du tsunami de 2011 était imprévisible.Ça n’a pas convaincu les associations de victimes. Elles soulignent que personne n’a encore été reconnu coupable de l’accident à ce jour, et que l’enchainement des causes n’a jamais été clairement établi par le gouvernement. Le procureur n’a pas été davantage convaincu par les arguments de la défense : il a réclamé cinq ans de prison ferme.
La tentation d'une relance du programme nucléaire
Pendant ce temps, sur place à Fukushima, la situation est loin d’être réglée. La centrale reste confinée et elle est confrontée à un problème de stockage de l’eau radioactive. D’ici trois ans, elle ne pourra plus la contenir et cette eau présente un fort taux de contamination au tritium.
La semaine dernière, l’ex ministre japonais de l’environnement, a mis les pieds dans le plat, juste avant de quitter son poste. En affirmant que la seule solution plausible consistait à rejeter progressivement cette eau (un million de tonnes) dans l’Océan Pacifique. L'annonce a suscité un tollé chez les pêcheurs et les militants environnementaux, mais aussi dans les pays voisins comme la Corée du Sud. Le nouveau ministre de l’environnement s’est bien gardé pour l’instant de donner un avis. Il faut dire que le sujet est politiquement explosif. Juste après Fukushima, les pouvoirs publics avaient d’abord promis, sinon un abandon, du moins un ralentissement très important du programme nucléaire. Mais le gouvernement actuel de Shinzo Abe est plutôt favorable à un redémarrage. D'ailleurs huit réacteurs ont déjà été relancés au Japon.
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