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L'Afrique de l'Est redoute une nouvelle invasion de criquets

En Ethiopie, en Somalie, au Kenya, les habitants surveillent le ciel avec inquiétude : ils redoutent l’arrivée d’une nouvelle vague d’invasion de criquets début juillet.


Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des jeunes filles au milieu des criquets, au Kenya, le 21 janvier 2020. (TONY KARUMBA / AFP)

La crainte d'une invasion de criquets ressurgit en Afrique de l'Est. Des centaines de millions voire des milliards de larves sont sur le point d’éclore dans la région. Et l’hypothèse d’une nouvelle vague est donc très probable d’ici à début juillet. En particulier en Éthiopie, en Somalie, et de l’autre côté du Golfe d’Aden, au Yémen. Puis au-delà, vers l’Est, au Pakistan et en Inde.

Au total, 23 pays sont potentiellement menacés. Cela dépendra sans doute des vents. Et c’est particulièrement inquiétant dans cette Afrique de l’Est où se préparent les récoltes de fin juin, et où les habitants doivent aussi faire face à des pluies violentes et à l’épidémie de coronavirus.

Et puis la première invasion de criquets, qui a duré de novembre à avril, a laissé derrière elle des dégâts considérables. Rien qu’en Éthiopie, un million et demi d’hectares de champs ou de pâturages ont été ravagés par ces nuées gigantesques d’insectes : ces essaims peuvent se déplacer groupés en formant un nuage de 20 à 30 km de long. Dans cette partie de l’Afrique, 20 millions de personnes souffrent déjà de malnutrition. Et les ravages des criquets mettent en danger 5 millions de personnes supplémentaires. Ce sont les estimations de l’ONU.  

400 milliards de criquets tués par épandage

La meilleure parade reste l’épandage de produits chimiques, ce qui n’est pas très bon ni pour les sols, ni pour les êtres vivants, hommes ou animaux. Mais cela demeure la solution la plus efficace. Ces trois derniers mois, grâce à une aide de 500 millions de dollars de la Banque mondiale, 400 000 hectares ont pu être traités. Ce qui représente la probable destruction de 400 milliards de criquets. Parallèlement, les pays concernés, l’Éthiopie, la Somalie, le Kenya, qui n’avaient pas été confrontés au fléau depuis des décennies, parfois 70 ans dans certaines régions, ont commencé à former du personnel pour améliorer la surveillance. Et pour repérer l’apparition des larves avant que ne se forment les essaims.

C’est cependant très compliqué car les criquets se reproduisent souvent dans des zones désertiques, à l’abri des regards. Et leur vitesse de reproduction est insensée : la population peut être multipliée par dix en un mois et demi. L’une des pistes d’avenir est donc de recourir de plus en plus à des drones, pour aller survoler ces zones désertiques non habitées. Mais c’est un dispositif coûteux et complexe qui ne va pas se mettre en place du jour au lendemain.  

Guerres et réchauffement climatique

Reste une question : comment expliquer cette vague de criquets cette année en particulier ?  Il est difficile de répondre avec certitude. Il y a potentiellement la combinaison de deux facteurs. D’une part des pluies diluviennes au Yémen il y a un peu plus d’un an dans des zones d’ordinaire très arides. Ce qui a favorisé la multiplication des larves. Certains font même le lien avec le réchauffement climatique puisqu’on le sait, il accentue les phénomènes météo extrêmes. D’autre part, la multiplication des conflits, des guerres dans la région : au Soudan, en Somalie, et surtout au Yémen, là encore. Aussi, de nombreuses zones sont abandonnées par les populations et sont donc moins surveillées. Et les insectes s’y reproduisent.

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