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Interruption volontaire de grossesse : Gibraltar vote sur un assouplissement de sa loi, l'une des plus restrictives au monde

Dans le petit territoire britannique du sud de l'Espagne, les électeurs sont invités aux urnes pour un référendum destiné à libéraliser un peu l'accès à l’avortement, qui est particulièrement strict.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une jeune femme arborant un t-shirt pour le "oui" à l'assouplissement de la loi sur l'avortement, à Gibraltar (Royaume-Uni) le 24 juin 2021 (JORGE GUERRERO / AFP)

Les 23 000 électeurs du "Rocher" ont jusqu’à 22h ce jeudi 24 juin pour voter. Cela se passe dans le calme, même si le débat est très polarisé sur ce petit territoire, britannique depuis 300 ans. La loi actuelle est d’une rigidité absolue, que l’on retrouve uniquement dans quelques pays d’Amérique Latine. L’avortement n’est autorisé que dans un seul cas : si c’est une question de vie ou de mort pour la mère. Et en cas d’infraction, la peine encourue, c’est la prison à vie.

Dans les faits, il n’y a d’ailleurs aucune infraction et donc aucune poursuite, pour une raison simple : les femmes qui souhaitent avorter se rendent soit en Espagne soit au Royaume-Uni. En Espagne, l’IVG est autorisée jusqu’à 14 semaines de grossesse. Au Royaume-Uni c’est 24. Mais Gibraltar possède beaucoup d’autonomie sur ses affaires intérieures et possède donc sa propre loi sur l’avortement. Elle est d’ailleurs récente, elle date de 2011, ce n’est même pas un héritage d’un vieux texte archaïque.  

Les partis politiques d'un côté, l'Eglise de l'autre

Le nouveau texte introduit un assouplissement, mais ce n’est qu’un assouplissement. Il autorise l’avortement en cas de grave malformation du fœtus et aussi, jusqu’à 12 semaines, en cas de menace pour la santé de la mère, de viol, d’inceste. Dans tous les autres cas de figure, cela reste interdit, donc on ne peut pas parler d’une véritable légalisation de l’avortement. En plus les médecins pourront invoquer l’objection de conscience pour refuser de pratiquer l’intervention.

L’affaire a provoqué malgré tout des débats agités, avec une levée de bouclier des associations pro-vie et de l’Eglise, avec à sa tête le révérend Carmelo Zammit.   Mais le "oui" à la réforme part tout de même favori, parce que le texte a déjà été adopté au Parlement local. Il est soutenu par les trois principaux partis politiques et par le chef du gouvernement, Fabian Picardo. Ce réexamen de la loi a en fait été déclenché par une décision de la Cour Suprême britannique dans un autre procédure : elle a jugé contraire à la Convention Européenne des Droits de l’Homme la législation nord-irlandaise sur le sujet. Et depuis, l’Irlande du Nord a dû assouplir sa loi.

Le vote à Gibraltar était initialement prévu en mars de l’année dernière. L’épidémie de Covid-19 a tout chamboulé. Mais comme la vaccination est allée très vite à Gibraltar (tout le monde est vacciné), les opérations de vote peuvent cette fois se dérouler normalement, et même sans masque.  

Une évolution très contrastée sur l'accès à l'IVG dans le monde

On ne peut pas y voir pour autant un indicateur d’une évolution des lois sur l’avortement dans le monde, l’évolution est contrastée. Il y a des pays effectivement où l’accès à l’avortement devient plus facile : l’Irlande du Nord, la République d’Irlande. Cela s’assouplit aussi dans plusieurs pays d’Amérique du Sud : l’Argentine, le Chili.

Mais d’autres pays connaissent une évolution inverse. Les lois se durcissent. C’est le cas, près de chez nous en Pologne, plus loin en Amérique Centrale (au Honduras par exemple). Et dans plusieurs États du sud des États-Unis, notamment l’Arkansas ou le Mississippi.  

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