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Guerre en Ukraine : l'Union européenne met en garde Pékin contre un soutien à la Russie

Au nom des Vingt-Sept, Ursula von der Leyen et Charles Michel se sont entretenus vendredi avec le Premier ministre et le président chinois. Ce sommet a permis à Bruxelles de lancer un avertissement à Pékin mais les Européens ne parviennent toujours pas à déchiffrer la politique chinoise.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse après le sommet virtuel avec la Chine, à Bruxelles, le 1er avril 2022. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"Si la Chine ne soutient pas nos sanctions contre la Russie, elle doit au moins ne pas interférer" : voilà comment Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a prévenu le Premier ministre chinois, puis le président Xi Jinping, vendredi 1er avril. Avec Charles Michel, le président du Conseil européen, elle s'est entretenue avec Pékin sur la guerre en Ukraine et la position de la Chine dans ce conflit. 

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"Aucun citoyen européen ne comprendrait que la Chine soutienne la capacité de la Russie à poursuivre la guerre", a-t-elle ajouté. La présidente de la Commission européenne dit que cela ternirait gravement la réputation de la Chine en Europe. Si l'avertissement est clair, sera-t-il pour autant efficace ? En tout cas si l'objectif de l'Union européenne était d'obliger la Chine à prendre position sur l'invasion de Ukraine, c'est raté.

Pour l'instant, le signal envoyé par Bruxelles pour dissuader Pékin de soutenir la Russie économiquement ou militairement n'a pas fait varier d'un millimètre la position chinoise. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin s'oppose "à la fois aux guerres chaudes et froides, aux divisions entre blocs, et refuse de prendre parti". Une façon de renvoyer dos à dos Européens et Russes, sans se fâcher avec personne.

Un sommet pour rien ?

Même si ce sommet n'a pas permis de faire plier la Chine, il donne à l'Union européenne l'opportunité de lancer une mise en garde à Pékin. Bruxelles sait maintenant que la Chine va cultiver l'ambiguïté à propos de l'invasion de l'Ukraine, sans répondre directement à la demande des Européens. Cette position ambivalente permet aux Chinois de gagner du temps et de voir comment la guerre évolue.

La Chine se comporte en spectatrice, elle guette les opportunités et laisse la Russie prendre tous les risques. Cela explique aussi que Pékin se soit abstenu lors du vote au Conseil de sécurité condamnant l'invasion russe en Ukraine.

Faut-il craindre une alliance dangereuse ?

Cette terreur d'une entente entre deux grandes puissances, Chine et Russie, a été invoquée ces dernières années pour justifier le dialogue entretenu par l'Occident avec Vladimir Poutine, notamment à l'initiative de la France. L'idée est de "ne pas pousser la Russie dans les bras de la Chine". Or, le danger n'est pas si évident, même après la proclamation cette semaine de "l'amitié sans limites" entre Moscou et Pékin.

D'abord, parce que, depuis des décennies, la Chine n'a scellé que des alliances ponctuelles en gardant sa totale liberté de manœuvre. Ensuite, parce que l'histoire du siècle dernier nous enseigne que les grandes déclarations d'amité entre des régimes autoritaires ou dictatoriaux se terminent souvent en confrontation mutuelle.
Enfin, le partenaire économique de la Chine le plus important est bien l'Union européenne et pas la Russie.

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