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Guerre en Ukraine : derrière le rapprochement entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine, un avertissement à la Corée du Sud

Vladimir Poutine et Kim Jong-un se sont trouvés un ennemi commun : la Corée du Sud, soutien direct de l'Ukraine et un des principaux fournisseur d'armes des pays de l'Otan.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Char K1A2 de l'armée sud-coréenne participant à un exercice de combat à tir réel sur un terrain d'entraînement à Cheorwon, le 30 août 2023. Photo fournie par le ministère sud-coréen de la Défense. (HANDOUT / SOUTH KOREAN DEFENCE MINISTRY/ AFP)

Des munitions nord-coréennes en échange d’une aide humanitaire et technologique russes : les regards du monde entier sont tournés mercredi 13 septembre vers la Sibérie, où vient d’avoir lieu la rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Les deux leaders probablement les plus isolés sur la scène internationale officialisent aujourd’hui leur alliance contre l’occident, avec sans doute un message spécifique envoyé à la Corée du Sud.

La Corée du Sud est l’ennemi commun que se sont trouvé Kim Jong-un et Vladimir Poutine ces derniers mois. Pour la Corée du Nord, on rappelle qu’aucun traité de paix n’a jamais été signé entre le Sud et le Nord. Donc, techniquement, les deux Corées sont toujours en guerre depuis 1950, séparées par la DMZ ("demilitarized zone"), ce couloir de 4 km de large qui traverse de part en part la péninsule. Le long de cette zone tampon, des incidents sont régulièrement signalés : pas plus tard que ce matin, un missile balistique tiré par le Nord a été identifié par le Sud et a fini sa course en mer du Japon. Mais le message envoyé à Séoul par Vladimir Poutine est plus indirect, plus dissimulé. 

Un gros marchand d'armes des alliés de l'Ukraine

Le président russe semble avoir des raisons de croire que la Corée du Sud est en partie responsable de l’enlisement de ses troupes en Ukraine. D’une part, cet été, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol s’est rendu à Kiev en annonçant l’augmentation de son aide humanitaire et de son assistance militaire non-létale à l’Ukraine. Ce fut un signe fort, car politiquement, la Corée du Sud s’interdit de soutenir directement un pays engagé dans un conflit. D'autre part, et c'est plus dérangeant pour Moscou, la Corée du Sud approvisionne les stocks d'armes des alliés de l’Ukraine, notamment la Pologne. Elle vient en effet de lui vendre à nouveau des chars et des obusiers, du matériel réputé très fiable et livrable en cinq ou six mois, des délais défiant toute concurrence.

Ainsi, les clients de la Corée du Sud peuvent livrer l’Ukraine sans vider leurs réserves. Séoul est l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Otan. Le contrat de 13 milliards d’euros signé l’an dernier avec les Polonais a propulsé les Sud-Coréens parmi les huit plus gros fournisseurs d’armes au monde. Si elles ne se retrouvent pas directement sur le front ukrainien, ces armes viennent remplacer les stocks envoyés à Kiev par les membres de l’Otan : États-Unis, Grande-Bretagne, Pologne, mais également Estonie, Norvège, Roumanie...

Séoul ambitionne même d’entrer dans le top 5 des plus gros marchands d’armes pour s’imposer dans la cour des puissants, États-Unis, Russie, France, Chine et Allemagne. En dix ans, la Corée du Sud a multiplié par dix ses exportations de matériel militaire. La production d’armes est une stratégie industrielle prioritaire pour Séoul, qui devient donc un concurrent direct pour les nations hostiles à l’Occident, au premier rang desquelles se trouve aujourd’hui la Russie.

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