Guerre en Ukraine : dans le ciel au-dessus de la mer Noire, on frôle régulièrement la Troisième Guerre mondiale

La presse britannique a révélé jeudi 14 septembre que l'incident de l'an dernier, entre un avion de Royal Air Force et deux Soukhoï de l'armée russe, n'était pas un simple "dysfonctionnement technique" mais bien un tir volontaire manqué. Des actes d'intimidation peut-être plus nombreux qu'on ne le croit.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Avions Soukhoï SU-30 survolant la mer Noire, le 21 décembre 2021 (STRINGER / ETAT MAJOR DES ARM?ES)

Le conflit ukrainien et ses possibles dégâts collatéraux planent toujours. La presse britannique apporte jeudi 14 septembre un nouvel éclairage sur incident aérien datant de l’année dernière. Le 29 septembre 2022, au-dessus de la mer Noire, un avion de renseignement britannique avait été pris pour cible par deux avions de chasse de l’armée russe. La version officielle évoquait un "dysfonctionnement technique", mais cette version est aujourd’hui contredite et il s'agirait en réalité un "tir manqué" mais délibérément déclenché par l’un des deux pilotes russes.

"Vous avez la cible"

Plusieurs sources militaires appuient cette révélation sur la version "secret défense" des enregistrements radio entre les deux avions Soukhoï. Il en ressort un tout autre scénario que celui officialisé l’an dernier par le ministre de la défense britannique Ben Wallace, qui à l'époque avait déclaré : "Il apparaît que l’un des deux Soukhoï 27 a libéré un missile en direction du Rivet Joint de la RAF, au-delà de sa portée visuelle. À la lumière de cet engagement potentiellement dangereux, j’ai fait part de ma préoccupation auprès de mon homologue russe, le ministre de la défense Choïgou." Moscou avait alors évoqué un "dysfonctionnement" et les autorités britanniques ont dit faire confiance aux russes.

Mais dans les échanges entre les deux pilotes russes, il apparaît que, durant la manœuvre, les deux chasseurs n’interprètent pas la consigne du contrôleur au sol de la même manière. "Vous avez la cible" : l’ordre en question est considéré comme confus et très amateur par les experts militaires occidentaux. L’un des deux pilotes estime alors qu’il peut engager le tir. Il libère non pas un mais deux missiles air-air en direction de l’avion britannique, le Rivet Joint, appareil non armé, à bord duquel travaillent potentiellement 30 officiers du renseignement. Mais le pire est évité car le pilote russe a mal verrouillé et manque sa cible. Il s’est retrouvé - ce que révèlent les conversations - sous le flot des insultes de son co-équipier russe.

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On a évité le pire car cet incident peut tout à fait être considéré comme un acte de guerre. Il aurait pu faire basculer la Grande-Bretagne dans le conflit et même déclencher l’article 5 de l’Otan, c'est-à-dire l'implication d'une réaction de l’ensemble des membres de l’Organisation.

Une tension extrême depuis un an et demi

Depuis, le conflit ukrainien a multiplié ce type d’incident. La tension est extrême depuis un an et demi dans le ciel de la mer Noire et même plus près de nous. La Royal Air Force a affirmé la semaine dernière que ses avions avaient intercepté, le 15 août, deux bombardiers russes au nord de l’Ecosse. Un documentaire de Channel 4 raconte également la rencontre cette année, toujours au Nord de l’Ecosse, de ce pilote du 9e escadron britannique, couvrant la mer du Nord, avec trois Sukhoï de l’armée russe : "C’est très difficile de savoir d’où proviennent leurs ordres. Est-ce qu’ils viennent directement de Poutine, est-ce que ces mecs veulent juste mettre en danger mon avion ? Je ne sais pas. Votre cœur bat à des millions de pulsations par minute. Mais si je commets une erreur, les conséquences peuvent être catastrophiques et provoquer une escalade vers la troisième guerre mondiale !"

Ces pilotes restent constamment sur un fil car une cinquantaine de manœuvres d’intimidation liées au conflit ukrainien ont été recensées cette année.

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