Grèce : les garde-côtes sont accusés de pratiques illégales dans leur gestion des flux migratoires
Depuis le début de l'année 2024, les chiffres officiels grecs évoquent l'arrivée de 11 300 nouveaux demandeurs d'asile et les gardes-côtes sont notamment accusés d'être passifs ou de pratiquer le "push back", une méthode qui consiste à repousser certaines embarcations en dehors des eaux territoriales. Une façon de repousser le problème et de déléguer discrètement la gestion de ces bateaux à d'autres pays, ce qui est illégal et particulièrement dangereux.
Ces soupçons ont été récemment évoqués dans le pays, à l'occasion du procès des responsables du naufrage de l'Adriana, qui avait coûté la vie à 600 migrants en juin 2023 dans la mer Égée. Ce procès n'a convaincu personne, y compris la justice grecque puisque les neuf citoyens égyptiens accusés d'être impliqués dans le drame ont été acquittés.
Avant même le début des audiences, la défense évoquait "une parodie de procès" et plusieurs ONG, dont Amnesty International, considéraient qu'aucune enquête sérieuse n'avait été menée sur l'intervention des gardes-côtes le jour du drame.
Un documentaire accablant
Une plainte collective a été déposée la semaine dernière, accusant la marine grecque de passivité, et un documentaire de la BBC, diffusé le 17 juin, va encore plus loin, avec une enquête menée sur 15 incidents, entre 2020 et 2023, qui met en lumière les actions illégales des autorités grecques.
Durant l'un des entretiens, le journaliste de la BBC soumet une vidéo à l'ancien chef des opérations spéciales grecques, Dimitri Baltakos, dans laquelle ses confrères forcent des migrants à embarquer sur un radeau de fortune avant de les abandonner en dehors des eaux territoriales.
L'ancien garde-côte finit par se livrer, dans sa langue natale, persuadé que son micro n'enregistre plus. "Tu crois que j'en ai trop dit ? Évidemment que c'est très clair, mais qu'est-ce que tu veux que je leur dise... Pourquoi les mecs l'ont fait en plein jour ? Évidemment que c'est illégal et bien sûr que c'est un crime international."
Plusieurs témoignages confirment cette méthode de refoulement pratiquée par les autorités grecques. Dans le documentaire Dead calm, Killing in the Med, des migrants accusent aussi à quatre reprises les gardes-côtes de les avoir jetés par-dessus bord, dans les eaux de la Méditerranée.
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