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En Turquie, le soutien implicite des Kurdes à l’opposition fragilise les chances de réélection de Recep Tayyip Erdogan

La campagne électorale bat désormais son plein dans le pays: les élections générales sont prévues le 14 mai. Et ça se complique pour le président sortant Recep Tayyip Erdogan avec le choix du principal parti pro kurde.

Article rédigé par franceinfo
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 17 mars 2023. (ADEM ALTAN / AFP)

"Nous ne présenterons pas de candidat à la présidentielle": Voilà l’annonce, mercredi 22 mars dans la matinée, de la présidente du HDP, le principal parti pro-kurde de Turquie. Pervin Buldan, c’est son nom, ajoute : "La Turquie et la démocratie ont besoin de réconciliation, pas de conflit". Certes, ce n’est pas un appel explicite à soutenir Kemal Kiliçdaroglu, le candidat de la "Table des Six", c’est-à-dire l’alliance des six partis d’opposition à Recep Tayyip Erdogan. Mais pour les Kurdes, ça revient à peu près même. Le sous-entendu est clair : il faut faire barrage au président sortant. Et cette décision peut faire basculer le scrutin. Le HDP représente en effet 10% environ des voix en Turquie, c’est la troisième force politique du pays. Le choix de renoncer à une candidature devrait pousser bon nombre des 15 millions de Kurdes à se reporter sur le vote Kiliçdaroglu.

Pourquoi le parti kurde n’appelle pas à explicitement à voter pour l’opposition ? Parce qu’il veut conserver son autonomie, parce que certains membres de l’alliance d’opposition se méfient des Kurdes ; et surtout parce que ça pourrait être contreproductif : Recep Tayyip Erdogan s’en servirait pour dénoncer la mainmise des Kurdes sur l’opposition.  

Des sondages nettement favorables au candidat de l'opposition

À sept semaines du scrutin, l’opposition a donc le vent en poupe: avant même cette décision, le candidat de l’opposition possédait déjà, selon tous les sondages de ces derniers jours, une marge d’avance de 10 points sur le président Erdogan. 55/45 en moyenne. Si Kemal Kiliçdaroglu ne commet pas d’erreur politique d’ici là, et si l’alliance des Six parvient à conserver son unité, l’opposition peut donc espérer l’emporter le 14 mai, à la présidentielle comme aux législatives. Et mettre fin à 20 ans d’un pouvoir de plus en plus centralisé. Les soucis s’accumulent décidément pour Recep Tayyip Erdogan. La situation économique reste mauvaise, avec une inflation dépassant les 60%.

Pour les classes moyennes, c’est un enjeu majeur. Et cette situation est en grande partie due aux choix controversés du président en matière monétaire. Recep Tayyip Erdogan reste également confronté aux conséquences de l’énorme séisme du 6 février dernier, qui a fait 50.000 morts dans le pays. De nombreux Turcs lui reprochent toujours la lenteur des secours, et lui imputent la responsabilité de l’état des bâtiments qui en certains endroits se sont écroulés comme des châteaux de cartes. La corruption dans le BTP est très liée au mode de gouvernance de l’AKP, le parti d’Erdogan.    

Recep Tayyip Erdogan va jouer son va-tout

Mais il reste sept semaines et on peut compter sur Recep Tayyip Erdogan pour mener campagne tambour battant. Pour jouer de son charisme. Pour utiliser les principaux médias, pour la plupart sous contrôle, comme des outils de propagande. Et pour dénoncer, malgré tout, l’influence des Kurdes sur l’opposition. Pour Recep Tayyip Erdogan, le parti HDP est lié au PKK, ce groupe armé considéré comme terroriste. D’ailleurs le leader historique du HDP, Selahattin Demirtas, est derrière les barreaux depuis plus de six ans. Toutefois, depuis cette prise de position du parti pro-kurde Erdogan parait malgré tout en position délicate.  

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