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En Australie, le célèbre rocher d'Uluru est désormais préservé

Ce site, l’un des endroits les plus célèbres au monde, ne pourra plus être escaladé par les touristes. C’est une victoire importante pour la culture des Aborigènes, les peuples originels du pays.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le site d'Uluru, en Australie.  (JEAN-MARC FOUR / RADIO FRANCE)

C’est fini. Depuis 8h30 du matin heure française, 16 heure locale, vendredi 25 octobre, il est interdit de grimper au sommet d’Uluru, cette immense formation rocheuse aux couleurs rouge, en plein cœur de l’Australie. Lors des dernières heures d’autorisation, des centaines de touristes se sont précipités pour gravir ce monolithe emblématique qui fait neuf kilomètres de périmètre, 350 mètres d’ascension.

Ils ont d’ailleurs bien failli ne pas pouvoir monter, parce que le vent était trop violent en début de journée, ce qui est fréquent là-bas. Les rafales peuvent approcher les 80 km/h et comme la pente est très raide, ça peut être dangereux. Au fil des ans, 35 personnes sont d’ailleurs mortes dans cette ascension.

Un site sacré pour les Aborigènes

Mais c’est pour une tout autre raison que l’ascension est désormais interdite. Uluru est un lieu très touristique depuis le milieu du XXe siècle, longtemps connu sous le nom d’Ayers Rock : c’est l’appellation qu’avait choisi un explorateur australien à la fin du XIXe, en hommage à un Premier ministre de l’époque. Mais le vrai nom, c’est bien Uluru, dans le langage des Aborigènes Anangu, qui habitent là depuis 60 000 ans. Ils demandaient depuis longtemps l’interdiction de cette ascension.

Pour eux c’est un lieu sacré : grimper en haut d’Uluru, c’est un peu comme si on allait faire l’imbécile sur l’autel d’une cathédrale, dans le minaret d’une mosquée ou sur les rouleaux de la Torah dans une synagogue. Pour les Aborigènes, Uluru est l’un des lieux de "Tjukurpa". C’est difficile à expliquer en termes occidentaux : ça signifie le "Temps du rêve", autrement dit un lieu où des formes anciennes, notamment des serpents, ont créé l’apparence actuelle du monde. Ces formes sont toujours présentes sur les lieux, en particulier sur ce sentier qui mène au sommet. Les Aborigènes ont donc toujours demandé l’interdiction de l’accès. L’Australie s’y était engagée en 1983. Il a donc fallu attendre 36 ans pour que cette promesse se traduise en actes.

Une lente reconnaissance

Cela s’inscrit dans une évolution récente, depuis une dizaine d’années, où les droits des Aborigènes sont enfin reconnus. En 2008, l’Australie a présenté des excuses officielles pour son attitude passée : les massacres, les déplacements forcés, le racisme. Au début de cette année, dans le nord du pays, là où la proportion d’Aborigènes est la plus élevée dans la population, la justice a reconnu qu’ils avaient été victimes d’une spoliation de leurs terres.

L’Australie compte encore 650 000 Aborigènes. Mais la plupart vivent désormais dans les villes, loin de leur culture d’origine. En tous cas, même avec l'interdiction de l'ascension, Uluru restera un lieu extraordinaire à visiter. Les lumières sont exceptionnelles, les couleurs changent en permanence, les peintures rupestres des Aborigènes sur les flancs d’Uluru sont magnifiques. Et puis il y a la flore, la faune, les kangourous, les renards, les chauves-souris. Mais il y a surtout une spiritualité forte et très perceptible à Uluru, tout comme dans le site voisin de Kata Tjuta, tout aussi magnifique.

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