En Algérie, le président Tebboune disparaît à nouveau des radars
L'Algérie est à nouveau privée de son président. Abdelmajid Tebboune est reparti se faire soigner en Allemagne, pour la deuxième fois en trois mois. Son absence à la tête de l'État est en train de devenir la règle.
C’est simple : depuis qu’il a contracté le coronavirus il y a deux mois et demi, le président Tebboune n’a passé que 12 jours dans son pays. Ça ne fait pas beaucoup pour assurer sa fonction. Dimanche 10 janvier, un communiqué de la présidence algérienne sur Facebook a en effet annoncé son départ pour l’Allemagne, pour soigner des "complications au pied", visiblement consécutives au virus. De fin octobre à fin décembre, il avait déjà passé deux mois dans un hôpital allemand, sans que l’on sache précisément lequel.
Le président algérien, qui est âgé de 75 ans et qui est un gros fumeur, a visiblement été durement touché par l’épidémie de Covid. Et à son retour fin décembre, il portait une attelle à un pied. Il pourrait s'agir d’une phlébite liée à la maladie. Autrement dit de caillots sanguins potentiellement graves. D’où sa nouvelle hospitalisation. Abdelmajid Tebboune se veut rassurant : il affirme que ce retour à l’hôpital était prévu et que le protocole de soins suit son cours. Mais tout cela est assez opaque, comme souvent avec le pouvoir algérien. Et en attendant, ce n’est pas lui qui dirige les affaires.
L'hôpital allemand pour le président, le vaccin russe pour la population
Tout ça se produit au moment où l’Algérie annonce le démarrage imminent de sa campagne de vaccination. Le pays compte 100 000 cas de contamination et 2 800 morts. C’est l'un des pays les plus touchés d’Afrique. Et l'Algérie a décidé de faire confiance au vaccin russe. Il y a de la géopolitique là-dedans : Moscou est un vieil allié de l’Algérie. Et il y a aussi des intérêts économiques : la Russie a largement subventionné son vaccin Spoutnik pour le livrer à l’Algérie. L'arrivée des premières doses devrait donc s’effectuer dans les prochains jours.
Mais vu les doutes sur l’efficacité du vaccin russe, tout cela suscite des interrogations sur les réseaux sociaux en Algérie. Et puis il y a comme un contraste troublant avec le départ du chef de l’Etat : les 44 millions d'Algériens sont bien obligés de constater que leur président, à titre personnel, fait plus confiance à la médecine allemande qu'à la médecine russe pour se soigner.
Une répression toujours omniprésente
L’absence du président Tebboune peut aussi avoir des conséquences politiques : elle renforce de facto le poids politique des militaires, déjà très important en Algérie, en particulier le rôle du chef d'état-major, le général Saïd Chengriha, l'un des hommes forts du régime. À l'arrière-plan, la répression s’intensifie à nouveau contre les militants du Hirak, ce soulèvement populaire qui a secoué l'Algérie avant d’être interrompu par la pandémie. Plus de 90 personnes liées au mouvement sont aujourd'hui derrière les barreaux.
La semaine dernière un jeune internaute, Walid Kechida, a été condamné à trois ans de prison, au seul motif qu’il s’est moqué du président et de la religion sur Internet, en publiant des mèmes, ces détournements d’images à des fins humoristiques. Trois autres militants du Hirak observent de leur côté une grève de la faim. Et la censure des médias électroniques et des réseaux sociaux est en train de devenir la règle.
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