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En Afrique, le spectre d’une jonction des jihadismes

Au moins 76 personnes ont été tuées samedi au Nigeria, selon un dernier bilan établi par les autorités. Le groupe jihadiste Boko Haram, qui terrorise la région depuis dix ans, a revendiqué le massacre.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le 29 novembre 2020, au moins 76 paysans retrouvés tués ont été enterrés en présence du gouverneur de l'Etat du Borno (Nigeria), à Zabarmari. (AUDU MARTE / AFP)

Au moins 76 civils ont été massacrés dans l'État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, samedi 28 novembre. Le massacre a été revendiqué mardi 1er décembre par Boko Haram, groupe jihadiste né dans cette province du Borno. L'ONU avait avancé dimanche un bilan de 110 morts, mais est revenue lundi sur ce nombre, préférant ensuite confirmer "plusieurs dizaines" de morts, selon l'AFP.

La tuerie a eu lieu le jour d'élections locales, les premières à se tenir dans cet État depuis le début de l'insurrection jihadiste en 2009. Elle a visé plus particulièrement des ouvriers agricoles, affairés dans une rizière. Certains, originaires d'États voisins, avaient parcouru des centaines de kilomètres pour tenter d'exploiter les récoltes au moment où une très grave crise alimentaire secoue le Nigeria. Une crise liée à l'insécurité, aggravée par les mauvaises récoltes et par l'épidémie de Covid-19.

Dans ce contexte pourtant, les autorités du Nigeria essaient de renvoyer ceux qui ont fui Boko Haram dans leur région d'origine. Plus de deux millions de personnes que l'État pousse à quitter les camps de déplacés où ils dépendent de l'aide alimentaire pour qu'ils reviennent dans leurs villages. Une alternative insoutenable, entre être condamné à mourir de faim dans les camps, ou à soumis à la terreur sous la coupe de Boko Haram.

Des connections avec l'État islamique

Un mouvement qui a beaucoup évolué, depuis sa création passant de secte locale, à un mouvement plus large. L'enlèvement des lycéennes de Chibok, en 2014, avait mis en première ligne ce groupe jusqu'alors peu connu. Avec la montée en puissance en Afrique de l'Ouest d'Al Qaeda et de l'État islamique, Boko Haram s'est peu à peu internationalisé. Ses liens se sont multipliés avec ces groupes, avec des échanges de combattants, l’envoi de conseillers. Une partie du mouvement a fait d'ailleurs allégeance à Daech sous la bannières de l'Iswap, l'État islamique en Afrique de l'ouest.

Ces derniers mois, plusieurs attaques, dont celle qui a coûté la vie à des humanitaires français au Niger, ont montré que des connections commençaient à s'opérer. C'est là la très grande crainte des experts de la région qui redoutent une jonction entre les groupes présents au Sahel, au Mali, au Burkina Faso et ceux des bords du lac Tchad, comme Boko Haram. Une jonction terrifiante si elle s'opérait dans cette région stratégique de l'Afrique, devenue le point focal du jihadisme mondial depuis la chute de Daech en Syrie et en Irak.

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