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Déjà en échec sur le confinement, la Suède cafouille aussi sur la vaccination

En Suède le refus initial de confiner contre le Covid-19 n’a pas donné les résultats espérés, d’où une vive controverse dans le pays. Et pour ne rien arranger, les débuts de la campagne de vaccination sont très chaotiques.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un suédois de 89 ans reçoit une dose du vaccin contre le Covid-19 de Pfizer-dans le comté de Sodermanland, le 27 décembre 2020. Photo d'illustration. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Les Suédois ont inventé un mot pour décrire leur ressenti : "Coronaskam", la honte du coronavirus. De très nombreux Suédois sont consternés par la stratégie de leur pays face à la pandémie de Covid-19. La Suède, avec 12 500 décès, compte désormais plus de morts par habitant que la France, et surtout beaucoup plus que ses voisins nordiques, la Norvège, la Finlande et le Danemark.

La Suède espérait donc redorer son image avec une campagne de vaccination exemplaire. Mais au 12 février, seulement 225 000 Suédois avaient reçu une dose du vaccin, soit 2% de la population. C’est très en-dessous de la moyenne européenne, où se situe d’ailleurs la France avec l’Allemagne, avec un peu plus de 3%. En plus, une guéguerre interne oppose les différentes régions de Suède. Certaines font des stocks pendant que d’autres manquent de doses, et personne n’adopte la même stratégie vaccinale sur les publics à viser en priorité. Le gouvernement continue d’affirmer que toutes les personnes majeures seront vaccinées avant l’été, mais le chef épidémiologiste du pays Anders Tegnell est sceptique.  

Des passe-droits pour être vaccinés plus tôt

Qui plus est, la campagne de vaccination est ponctuée de scandales de passe-droits. Pour un pays qui se veut exemplaire en matière de transparence et de lutte contre la corruption - c’est d’habitude une fierté nationale - là aussi, ça fait désordre et donc là encore, "coronaskam".

Plusieurs affaires ont secoué le pays ces derniers jours. À chaque fois le scénario est peu ou prou le même : des personnes non prioritaires pour la vaccination se débrouillent pour recevoir une injection. Même le plus célèbre des hôpitaux suédois, le Karokinska à Stockholm, a été touché par un mini-scandale : deux médecins qui n’ont aucun contact avec les malades mais qui siègent à la direction de l’hôpital ont été suspendus après s’être faits vacciner avant tout le monde. Mêmes passe-droits dans des Ehpad du centre du pays, où des directeurs ont fait vacciner leurs proches, ou dans une société d’aide aux personnes handicapées dans le sud, en Scanie. Là encore, du personnel non prioritaire a été vacciné avant tout le monde. Cela commence à faire beaucoup.  

Dix fois plus de mortalité qu'en Norvège

L’image de la Suède en prend un coup en particulier auprès de ses voisins. Par exemple, les Suédois sont désormais contraints de faire un test systématique avant d’aller en Norvège, où ils sont souvent montrés du doigt, alors que jusqu’à la pandémie, la circulation était quasiment libre entre les deux pays. Mais il faut dire que le nombre de morts est dix fois plus élevé en Suède qu’en Norvège. La stratégie suédoise de refus initial de tout confinement a donc échoué. D'ailleurs, depuis l’automne, de semaine en semaine, les mesures se durcissent : interdiction des rassemblements publics d’abord, puis depuis début février recommandation du port du masque dans les transports, et aussi fermeture des cinémas et des théâtres. Les commerces et les restaurants demeurent pour l’instant ouverts, mais ça ne va peut-être pas durer.  

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