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Covid-19 : le Maroc, bon élève de la vaccination, suspend ses liaisons aériennes avec la France

Tous les vols s'arrêtent à partir du 30 mars au soir. Le Maroc, qui gère assez bien l’épidémie depuis un an, ne veut pas être touché par une 3e vague venue de France.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Vaccination contre le Covid-19 à Salé, près de Rabat (Maroc) le 29 janvier 2021 (FADEL SENNA / AFP)

À minuit le 30 mars, ce sera terminé : plus aucun vol entre le Maroc et la France, ni dans un sens ni dans l’autre.La mesure prise par les autorités marocaines concerne également l’Espagne. Les derniers passagers qui peuvent circuler encore ce 30 mars sont systématiquement soumis à un test PCR à l’arrivée sur le sol marocain. Après on ferme.

Le Maroc cherche à se protéger du variant anglais omniprésent aujourd’hui en France. Et il cherche à préserver un bilan sanitaire plus qu’honorable. Avec 8 807 morts depuis un an, essentiellement lors de la 2e vague à l’automne dernier, le pays affiche un taux de mortalité six fois inférieur à celui de la France, quand on rapporte le nombre de décès à la population (36 millions d’habitants au Maroc). C’est le résultat de mesures de restriction sévères : fermeture des établissements scolaires, des cafés, des restaurants, port du masque obligatoire. Et couvre-feu nocturne qui vient d’ailleurs d’être reconduit pour 15 jours, alors qu’il était censé s’arrêter ce soir. Mais une légère remontée des courbes a conduit le pouvoir marocain à immédiatement resserrer la vis, avec donc notamment cette suspension des vols.

10% de la population doublement vaccinés

Le Maroc affiche aussi de bons résultats sur la vaccination, du moins jusqu’à présent avec surtout beaucoup de personnes qui ont déjà reçu les deux doses de vaccin. C’est le cas de trois millions et demi de Marocains. Soit 10% de la population, trois fois plus qu’en France. Le Maroc vaccine essentiellement avec le sérum chinois Sinopharm, et aussi désormais avec AstraZeneca et bientôt le produit russe Spoutnik V. Il a su à la fois passer des commandes très tôt l’an dernier, et ensuite mettre en place une organisation efficace avec pas moins de 3 000 centres de vaccination et un système d’inscription rapide  par SMS. Le tout avec un slogan simple : "Je me protège, je protège mon pays". Les personnes âgées et les enseignants ont été les premiers vaccinés.

Cela dit, après un démarrage en trombe, la campagne de vaccination avance maintenant beaucoup moins vite avec des problèmes d’approvisionnement sur le vaccin Astra Zeneca fabriqué en Inde et aussi sur la distribution du Sinopharm venu de Chine. Du coup le système de réservation ne prend plus de rendez-vous pour le mois d’avril. Et la vaccination des moins de 50 ans n’est plus programmée pour l’instant. C’est la preuve que tout le monde a un peu les mêmes soucis.   

Une pauvreté en plein essor

Le Maroc est également confronté à un autre problème, c’est l’impact économique du confinement. Le produit intérieur brut a reculé de 7% l’an dernier. Et lors du premier semestre, le taux de pauvreté s’est envolé, multiplié par 7, jusqu’à concerner 12% de la population. Inévitable dans un pays qui vit à 80% de l’économie informelle, des petits boulots, le tout sans couverture sociale.

Pour éviter l’explosion sociale, le pouvoir marocain a débloqué des aides d’urgence il y a près d’un an, elles ont touché près des 2/3 de la population. Mais ces aides n’ont pas été reconduites. Et les inégalités se sont donc à nouveau creusées. C’est un exemple de plus de ce dilemme permanent entre sécurité sanitaire et préservation de l’activité économique.

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