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Chili : un plan national de recherche de la vérité sur les disparus de la dictature

Pour la première fois depuis la fin du régime militaire d’Augusto Pinochet en 1990, le gouvernement chilien lance un plan national de recherche de la vérité sur les disparus de la dictature. Une annonce longtemps attendue dans une société encore divisée sur la question.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Commémoration de la Journée internationale des disparus, organisée au 30 août de chaque année à Santiago du Chili, 2023. (JAVIER ARAOS / EPA / MAXPPP)

Un plan national de recherche de la vérité sur les disparus de la dictature, l'annonce est historique, l'État chilien se tiendra désormais de manière "systématique et permanente" aux côtés des familles de disparus sous le régime d'Augusto Pinochet. Un coup d’état "criminel depuis son premier jour" rappelait le président chilien Gabriel Boric il y a quelques semaines. La dictature du général Pinochet, entre 1973 et 1990, a fait quelque 3 200 victimes, dont plus de la moitié n’ont jamais été retrouvées, et le travail de mémoire n’a jamais réellement été réalisé au Chili.

Des experts légistes viennent d’entamer des fouilles sur de nouveaux sites, la justice se lance dans une vaste opération de numérisation des dossiers. Ne pas savoir, comme le dit cette fille de disparu à la télévision chilienne, est qu’il y a de plus douloureux : "Que s’est-il passé ? Où les ont-ils emmenés ? Qu’ont-ils fait avec eux ?  C’est ce qu’il y a de plus ingrat pour moi depuis 50 ans."

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Des corps dissimulés, jetés à la mer et même dynamités

Pendant très longtemps, l’État chilien a même concentré ses efforts à dissimuler la vérité, de peur que ne soient découverts les cadavres. Le régime militaire a de nombreuses fois exhumé des corps, avec ordre de les faire disparaître définitivement en les jetant dans l’océan, en allant même jusqu’à les dynamiter... et il faut rappeler que le général Pinochet a conservé le contrôle de l’armée bien après la fin de la dictature, jusqu’en 1998.

Pour autant, le plan du président Boric n'oblige pas l’armée à coopérer aujourd’hui, il est d’ailleurs critiqué pour cela. L’entente avec les militaires reste cordiale, mais le sujet est bien trop sensible pour les contraindre à témoigner. Ceux qui s’y résignent, rongés par la culpabilité, le font généralement sur leur lit de mort, lorsqu’il sont condamnés par une longue maladie.

Certains justifient encore ces événements

Les militaires comptent encore de très nombreux fans au sein de la classe politique. Pas plus tard qu’en juillet dernier, un député a tenu à justifier le coup d’État de 1973, en affirmant que le pays était à l’époque "sur un chemin dangereux". Ces déclarations ont fait bondir la porte-parole du gouvernement Camila Vallejo : "Quiconque justifie le coup d’état d’il y a 50 ans peut parfaitement justifier un coup d’État aujourd’hui ou demain. Et tout ça est grave, parce qu’il ne s’agit pas simplement du passé, il s’agit de comprendre l’importance de défendre les droits humains et nos institutions démocratiques, quel que soit le contexte du pays."

Ce plan national de vérité sur la dictature illustre à quel point le Chili est encore divisé par rapport à cette période. Certaines familles chiliennes n’ont aucun intérêt à ce que soit retracé l’itinéraire des victimes après leur disparition.

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