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Canada : le président du Parlement démissionne après avoir rendu hommage à un ancien nazi

Anthony Rota a dû présenter sa démission après le scandale suscité par l’hommage qu’il a rendu par erreur, en présence de Volodymy Zelensky, à un ancien vétéran ukraino-canadien qui avait combattu avec les nazis.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Au Canada, Anthony Rota, le président du Parlement, Justin Trudeau le Premier ministre et Raymonde Gagne la présidente du Sénat, lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Ottawa, le 22 septembre 2023. (PATRICK DOYLE / POOL / AFP)

Pas d’autre choix que la démission pour le président de la chambre des communes canadienne, Anthony Rota. Il a commis l’irréparable, vendredi 22 septembre, à l’occasion de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelenski. Anthony Rota, politicien chevronné, a rendu hommage à un ancien soldat ukraino-canadien ayant combattu aux côtés des nazis pendant la Seconde guerre mondiale.

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La scène s’est déroulée sur les bancs de la Chambre des communes d’Ottawa. Yaroslav Hunka, 98 ans, ému aux larmes lorsque tout le monde se lève pour l’applaudir : les élus, le Premier ministre Justin Trudeau, le président ukrainien et son épouse. Et une ovation provoquée par le vibrant hommage d’Anthony Rota, qui préside l’assemblée. "Nous avons ici aujourd’hui avec nous un vétéran ukraino-canadien de la Seconde guerre mondiale, qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes. C’est un héros ukrainien, un héros canadien et nous le remercions pour ses services rendus. Merci !", a-t-il déclaré.

D’un discours plein d’emphase - et surtout erroné - Anthony Rota est passé à des plates excuses annonciatrices de sa démission, le mardi suivant. "J’ai par la suite pris connaissance de plus d’informations qui me conduisent à regretter ma décision de mettre en lumière cet individu. Je voudrais m’excuser auprès de la Chambre et j’aimerais ajouter que cette initiative est le fruit de ma seule décision", s'est excusé le président du Parlement canadien.

Des soldats détenus par le gouvernement britannique puis exfiltrés au Canada

Si Anthony Rota insiste sur sa seule responsabilité dans cette affaire c’est parce que les conservateurs canadiens estiment que Justin Trudeau et son gouvernement auraient dû anticiper et contrôler la cérémonie. Justin Trudeau qui a lui-même réagi et parle d’une "erreur profondément embarrassante". Cette cérémonie a produit l’inverse de l’effet escompté. Au tout début du conflit ukrainien, Vladimir Poutine parlait de "dénazification" de l’Ukraine. Le passé de Yaroslav Hunka qui s’est porté volontaire pour intégrer la Division SS Galicie, pendant la Seconde Guerre mondiale, sert pleinement la rhétorique du Kremlin qui s’est empressé de réagir en criant au "scandale". L’opposition canadienne se déchaîne sur "l’inculture" d’Anthony Rota. Il ne pouvait pas ne pas savoir qu’un vétéran de guerre ukrainien, se battant à l’époque contre la Russie, était forcément du côté des nazis.

Cet homme s’est retrouvé au Canada sans être jugé. C’est sur ce point que le débat est le plus vif désormais dans le pays. Le tribunal de Nuremberg a jugé que les dirigeants de cette division SS Galicie avaient été directement impliqués dans l’Holocauste. Mais de nombreux soldats ont échappé à la justice. Des soldats détenus par le gouvernement britannique jusqu’à la fin des années 40. Les dirigeants britanniques ont voulu les exfiltrer. Des archives, déclassifiées en 2005, sont très claires. Dans une note du ministère de l’intérieur de l’époque "nous espérons toujours nous débarrasser des prisonniers de guerre ukrainiens les moins désirables, soit en Allemagne, soit au Canada". Voilà comment entre 400 et 600 soldats ukrainiens se sont retrouvés dans l’Ouest canadien. La Pologne demande aujourd’hui l’extradition de Yaroslav Hunka. Et grâce à Anthony Rota le Canada, stupéfait, découvre l’existence, sur son sol, de monuments érigés en l’honneur de ces soldats ukrainiens.

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