Au sein du nouveau Parlement européen, l’alliance des extrêmes droites est-elle possible ?

Les différents mouvements d’extrême droite consolident leur présence dans l’hémicycle avec 13 sièges supplémentaires pour les deux principaux groupes. D’un point de vue purement mathématique, les formations nationalistes et radicales ont la possibilité de devenir le deuxième groupe le plus puissant.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Parlement européen à Bruxelles en février 2023. (NICOLAS LANDEMARD / LE PICTORIUM / MAXPPP)

En 2019, l'extrême droite européenne avait réalisé une percée historique, en envoyant une centaine d'eurodéputés à Bruxelles et Strasbourg. Avec la dernière élection européenne du 6 au 9 juin, les formations de droite radicale et d'extrême droite se renforcent. Leurs deux groupes compteront au total 131 élus, soit 13 de plus que dans le Parlement sortant, ils ont la possibilité de devenir le deuxième groupe le plus puissant.

Pour y parvenir, les trois courants principaux d’extrême droite devront s’allier : les réformistes d’ECR de Giorgia Meloni, le groupe Identité et démocratie (ID), renforcé par les 30 sièges du Rassemblement national français et enfin la centaine d’eurodéputés non-alignés dont fait partie le Fidesz hongrois de Viktor Orban. Trois entités radicales qui, par nature, acceptent peu de concessions, qualité essentielle si l’on veut peser dans le débat politique européen.

En dépit de multiples tentatives, ces trois entités ne sont jamais parvenues à s’accorder. Même si on distingue quand même une base commune, un récit dont on a beaucoup parlé il y a cinq ou six ans, période à laquelle tous les leaders européens d’extrême droite ont côtoyé l’Américain Steve Bannon, artisan des victoires de Trump aux États-Unis en 2016, puis Bolsonaro au Brésil en 2018. Son discours est potentiellement le seul socle idéologique partagé par les extrêmes droites européennes, c’est le constat que faisait en 2019 l’historien Nicolas Lebourg, pour le site d’information du journal Le Monde : "L’extrême droite en Occident est sur l’idée que la globalisation, c’est aujourd’hui l’orientalisation de l’Occident (orientalisation culturelle avec l’islamisation, orientalisation économique avec les exportations de la Chine). Et l’idée, c’est de couper cette orientalisation. C’est le cœur idéologique de tout, le reste est adjacent"

Europe, économie, guerre en Ukraine… Les divisions sont nombreuses

Et si l’idée est bien de gouverner, d’agir, de prendre des décisions, le reste devient fondamental. Par exemple en Italie, si Giorgia Meloni envisage une alliance avec le groupe Identité et démocratie de Marine Le Pen, elle mettra mécaniquement en péril sa collaboration au niveau européen avec la droite traditionnelle du PPE, dont fait partie son vice-Premier ministre Antonio Tajani. "Pour, moi le problème, c’est Alternative für Deutschland et le parti de Marine Le Pen, parce que ce sont deux partis anti-européens. Comment voulez-vous gouverner l’Europe avec des gens qui sont contre l’Europe ?", a-t-il réagi.

Première division donc : l’euroscepticisme de certains partis au sein d’une extrême droite européenne. Mais elle est aussi divisée sur l’économie, entre libéralisme et protectionnisme. Elle est également divisée sur le conflit ukrainien qui a rendu les pro-russes infréquentables. Sur ces trois sujets ECR et ID, les deux principaux groupes européens sont en désaccord. Et il y a aussi la galaxie d’extrême droite des non-alignés, où les cinq Roumains de l’AUR ne supportent pas les 10 eurodéputés du Fidesz hongrois, jugé lui-même trop tendre par les néonazis de République tchèque.

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