À près de 9 000 kms de Nouméa, Pékin scrute attentivement la révolte calédonienne

La Chine fait en effet partie des pays qui observent à la jumelle la flambée de violences qui n’épargne aucune île de Nouvelle-Calédonie. Depuis plusieurs années, Pékin porte un regard très attentif au combat politique entre loyalistes et indépendantistes dans l'espoir de prendre la place de la France.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Page d'accueil de la page Facebook de l'Association d'amitié sino-calédonienne. (CAPTURE D'ECRAN)

La Nouvelle-Calédonie est une pièce maîtresse dans le projet d’influence du gouvernement chinois dans la zone indopacifique, une cible de choix. Pékin s’intéresse évidemment comme tout le monde aux ressources en nickel que renferme l’archipel, entre 20 et 30% des réserves mondiales. Mais la deuxième raison est peut-être encore plus capitale pour Pékin.

Dans sa bataille navale avec Washington, la Chine cherche à pousser son influence le plus loin possible dans le Pacifique pour échapper à l’encerclement des États Unis et de leurs alliés, Japon, Corée du Sud, Taïwan et bien sûr Australie. Donc en prenant la place de la France en Nouvelle-Calédonie, Pékin se retrouverait à moins de 2 000 kms des côtes australiennes, un avantage stratégique évident.

L'infiltration du pouvoir sous couvert d'amitié sino-calédonienne

Le gouvernement chinois est convaincu qu’en appuyant les indépendantistes calédoniens, qu’en aidant l’archipel à se libérer de ses attaches coloniales, elle parviendrait à obtenir des contreparties. Pékin a donc déployé l’un de ses outils d’influence les plus efficaces, l’infiltration du pouvoir, en créant l’association d’amitié sino-calédonienne présidée par l’ancienne directrice de cabinet du leader indépendantiste Kanak, Roch Wamytan. La Chine a manœuvré finement, méthodiquement. L’ambassadeur de Chine en France a même passé une semaine à faire l’inventaire des besoins de l’archipel auprès de élus calédoniens, tout cela au moment le plus opportun, dès 2017, juste avant l’organisation des trois référendums d’autodétermination de 2018, 2020 et 2021.

Mais les efforts chinois n’ont pas vraiment payé puisque les Calédoniens ont voté non à l’indépendance. Les soupçons d’ingérence chinoise étaient tels en 2018 que le gouvernement français a clairement pris position pour le camp loyaliste et n’a pas respecté son devoir d’impartialité imposé par les accords de Nouméa. Face à la manipulation douce et insidieuse de Pékin, Paris a perdu son sang-froid et tente d’imposer sa méthode en réformant le corps électoral. C’est la conviction des indépendantistes calédoniens. La réponse est violente et Pékin patiente en silence.

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